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Vive le retour du monosourcil !

La tendance des sourcils velus, ce n’est pas nouveau, mais en 2017 on rêve carrément de piquer les siens à Emmanuel Chain. Les créateurs l’ornent de plumes de paon ou de paillettes dorées, le marché des cosmétiques explose et les femmes revendiquent leur système pileux comme un acte engagé. Après des années de mise au placard, certaines font même leur coming-out, brandissant fièrement leur monosourcil sur Insta telle une adolescente sa première brassière. Alors, garde tes poils bien accrochés parce qu’ils seront sur tous les fronts à la rentrée (voire entre les yeux).

 Une histoire du sourcil au poil

Avant d’arriver à cette libération du bulbe pileux, il a pourtant été sacrément opprimé. En Egypte ancienne, déjà, les poils rebelles sont prohibés et les Égyptiennes prennent grand soin de redessiner leurs sourcils au khôl. Parfois même, il leur arrive de tout raser quand leur matou décède, histoire d’honorer les dieux et éloigner leur courroux. A l’inverse, en Grèce et Rome antique, l’arcade touffue et le mono sont fortement appréciés. Comble du chic, les Romaines se fabriquent des postiches en poils de chèvre à fixer entre les yeux avec de la résine d’arbre. Petit saut dans le temps, au Moyen-Âge, en Europe, s’il y a bien un truc qu’on trouve très chaud cacao, ce sont les fronts géants et lisses. Du coup, les beauty addicts donnent un coup de pouce à Dame Nature en s’épilant intégralement les sourcils et les cheveux jusqu’au sommet du crâne. Le tout avec des préparations faites de chaux vive et fiente d’oiseau, en toute décontraction. Heureusement, cette torture mode s’arrête au 15ème siècle. Pendant plusieurs centaines d’années, les poils européens se mettent à l’aise. Mais ô malheur, le XXème siècle pointe le bout de son gros nez. C’est un carnage. Dans les années 20, on craque pour les sourcils anorexiques à la Marlène Dietrich. Heureusement, à partir des années 40, le poil entame un programme de réhabilitation sur plusieurs décennies. Dans les années 80, Brooke Shields n’a qu’à froncer ses imposants sourcils pour faire tomber les garçons en pâmoison. Hélas, ça ne dure guère. Les Spice Girls, Pamela Anderson et Christina Aguilera sonnent le glas du naturel. Vive la surépilation ! Le début des années 2000 ne sera pas plus folichon pour nos tristes sourcils maigrichons….

Power to the sourcils

En 2010, le super top Cara (Delevingne enfin. T’étais où ces dernières années ?) entre dans nos vies pour révolutionner le monde obscur de l’épilation. Après avoir passé notre adolescence à ratiboiser à tout va, c’est l’extrême inverse qui nous obsède. On veut un sourcil de yéti fringant et digne de ce nom. La confrérie du poil contre-attaque. Alors qu’oser le débardeur, dessous de bras non épilés était passible de la peine capitale, de nos jours c’est un acte engagé. Citoyennes, toutes à vos peignes. Assumez vos poils aux pattes. Les réseaux sociaux sont pris d’assaut pour dénoncer l’oppression de nos systèmes pileux, Insta encense le mono et les aisselles velues. Surtout dans une société de plus en plus uniformisée – que ceux qui ont cédé au chant de la Stan Smith lèvent le pied – où garder ses sourcils naturels devient un moyen d’imposer son individualité. Le hic ? On veut toutes une ligne épaisse quitte à tricher (on juge pas, nous aussi le fait). Du coup, cette tendance destinée à nous singulariser serait devenue complètement standardisée. La meilleure manière d’y échapper, à notre avis, c’est de mettre le paquet. Alors, repose ta pince à épiler et chéris tendrement ton monosourcil parce qu’un de ces jours, il finira par triompher !

Mazarine Vertanessian

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