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Rupture ou renaissance ?

Dans la vie, il n’y a que les rencontres et les départs qui comptent. Cette pensée qui n’est pourtant pas la mienne n’a jamais cessé de résonner en moi. Il y a deux ans, je vivais une rupture douloureuse qui m’avait poussée à écrire sur un fond sonore pathétique « Il était un petit navire » mouillé au rosé ces quelques mots : Il est parti et ce fut comme une mort. Les gens nous quittent en pensant qu’on se remet de tout. C’est laid et faux. Quand les gens s’en vont, nous mourrons, asservis à l’amour désormais absent, obsédé par l’idée qu’ils continuent de respirer sans nous. Nous mourrons parce qu’ils emportent dans leur quotidien paisible un morceau de notre âme avec eux. 

Il serait temps d’actualiser cette pensée.

La rencontre pour se rencontrer soi-même

La grande majorité des êtres humains est principalement soumise à deux monstres : la peur et l’ego. À moins d’être le Dalaï-lama, notre devoir sur terre est de tendre à nous parfaire tant que nous sommes en mesure de le faire. Enfin, qui a l’envie profonde de s’emmurer dans les limbes de l’ennui en restant fidèle à soi toute sa vie ? Voici exactement ce à quoi servent toutes nos rencontres : se surprendre. Rencontrer quelqu’un consiste à renouveler sa vie par le prisme d’un nouveau moi et ce, en permanence. Peut-être votre vie vous a-t-elle parfois semblé livide et plate durant des années parce que vous n’aviez pas rencontré ces personnes qui, de par leurs apparitions vous font tout à coup vous sentir vivant. Unique. Incroyablement dévorant de charme et de grâce. Et quoi de plus agréable sur terre que cette sensation grisante consistant à se regarder le soir dans son miroir plein d’assurance, de sourires niais, les yeux encadrés de petits plis, avec l’impression de détenir toutes les réponses ? Parce qu’après tout, les rencontres ont cette capacité à rendre magique la réalité sans que nous l’ayons vu venir, et c’est en cela qu’il est question de magie.

De la rencontre à la rupture

Si une rencontre nous permet d’accéder à une partie inconnue qui vivait jusqu’alors en nous-même, il n’est pas malvenu d’affirmer qu’elle est toujours nécessaire, quelle qu’elle soit, quitte à ce qu’elle se finisse un jour. Mais comme il est grisant de se sentir à la fois parfaitement ancré au sol tout en volant, comme il est grisant ce sentiment d’appartenir enfin au monde des vivants. Nous voudrions, nous, petits êtres humains vils, ambitieux et trop gourmands, que la rencontre perdure dans le temps, pour que cette sensation en nous-même, cette sensation nouvelle, nous habille d’amour éperdument. Mais comme nous le savons bien, rien ne dure. Tout est éphémère. Nous ne sommes que de passage sur Terre, et comme le vent, les rencontres passent pour laisser derrière elles des rafales ou d’infimes traces. Et si l’impasse est au théâtre ce qui nous fait brûler d’envie d’arriver au dénouement, pourquoi n’en serait-il pas de même pour la rupture ?

Le départ ou la renaissance de soi

Qu’elle est belle cette peur de la rupture, qu’il est beau ce départ qui nous fait redoubler d’efforts pour continuer d’embraser ce feu naissant de la rencontre. Benjamin Constant écrivait : « Je serai toujours ton ami ; j’aurai toujours pour toi l’affection la plus profonde. Ces deux années de notre liaison ne s’effaceront jamais de ma mémoire ; elles seront à jamais l’époque la plus belle de ma vie. Mais l’amour, vois-tu, ce transport des sens, cette ivresse involontaire, cet oubli de tous les intérêts et de tous les devoirs, je ne l’ai plus. » Je ne sais pas qui est cette femme pour qui ces mots ont été écrits, je sais encore moins ce qu’elle a ressenti en les lisant, et je ne peux qu’imaginer le vacarme extrême et bouleversant qu’a dû subir cette dernière. Ce que je sais a contrario, c'est qu’elle aura elle aussi vécu tous ces moments d’ivresse involontaire la poussant à être capable de croire qu’elle a compté autant qu'il aura pour elle compté. Et voyez-vous, comment ne pas renaître de ses cendres, lorsqu’après la tempête, on se souvient et on sait qu’il est possible de vivre tant de merveille et de beauté ? Nous avons vécu des dizaines de ruptures, fait des centaines de rencontres, nous avons toujours pensé insurmontable notre chagrin, toujours pensé irremplaçables nos amours, tandis que la vie nous prouvait à chaque fois qu’il nous fallait continuer de croire en elle et au hasard. Ce hasard qui se moque bien de notre sérieux, et qui continue de nous montrer que la vie est un jeu.

Alors, à la course aux sensations, au diable les sentiments de rejet et d’abandon, pourvu qu’en nous ne meurt jamais l’espoir, car l’amour est la plus surprenante des sensations. Elle ne possède pas seulement la faculté de se démultiplier continuellement, elle nous démultiplie en nous-même sans cesse, et ce même lorsqu’au bord du rivage, nous croyons ne plus en avoir l’ultime conviction.

La délicatesse des mots

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