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Peut-on oublier un ancien amour ?

Le gouffre d’une rupture peut tout engloutir avec lui. Autoroute vers l’enfer dans un bolide sans frein : tout se précipite dans l'abîme du grand effondrement Tout, sauf le souvenir de cette personne. Son souvenir flotte obstinément, brûlant et pourtant déjà si froid, stèle éteinte dont plus rien ne surgira. Comment tourner la page ? Est-ce possible, ou souhaitable, d’oublier quelqu'un ? 

Les fantômes dansent dans le vide 

C’est quand elle m’a privé de sa lumière que j’ai senti son ombre pour la première fois, silencieuse et malveillante. Mon ex n’y était pour rien : c’était ma réaction au souvenir qu’elle était devenue.

Les filles que je rencontrais me paraissaient vides et transparentes, comme des fantômes dont l’existence est sujette à débat. Les seules qui me plaisaient étaient celles qui lui ressemblaient. Elle était devenue ma métrique d’attraction, mon unique critère. Je guettais chaque ressemblance dans leurs yeux, leurs gestes, leur façon de terminer les phrases : drogué dont la drogue avait disparu, j’étais seul avec le manque. 

Ces rencards, c’était « Où est Charlie » sans Charlie dans l’image, les 7 différences qui devenaient un million, le labyrinthe dont la sortie avait une forme de flingue. Elle était ce membre fantôme qui me gratte, qui frissonne, qui me gêne. Celui avec lequel je voudrais caresser les cheveux de mon rencard, qui ne sent rien sinon un souffle froid qui retombe sur son front.

Les étoiles s’étaient éteintes dans le ciel et son spectre était ma nuit, je lui courais après sans savoir si j’en étais devenu un aussi. Sa malédiction m’avait privé de sa présence et condamné toutes les autres au purgatoire de la comparaison. Des élans de haine, d’amour, me parcouraient : son œil mort qui vivait dans ma tête observait mon manège avec indifférence.

Réparer le monde 

Ta chanson préférée, le dosage de ton café le matin, ton regard lors de cette caresse-là, on apprend certaines personnes comme on apprend une langue étrangère, parsemée de conjugaisons incompréhensibles au premier abord, qu’on écorche avec un accent mignon. Aujourd'hui je parle toujours toi, dialecte sans peuple, langue sans voix.

Le train avance, et peu à peu ce qui était tombé dans la rupture remonte. Ton souvenir, lui, initie sa descente : balance dont le poids commence à s’inverser. Le temps, allié inexorable, vient nous chercher : personne ne reste dans cette gare pour toujours. On peut faire une correspondance par la station du « plus jamais ça » : blesser des gens sans s’en rendre compte, qui nous voudraient ici, maintenant et totalement, sans qu’ils comprennent l’ailleurs douloureux qui nous retient encore, inaccessible à tous.

Puis, la plaie cicatrise. Les rencontres, les écrits, nos proches voient le plateau de la balance remonter sûrement, on se surprend à vivre. Et plus encore, à presque vouloir saigner à nouveau. De rires, d’émotions, d’intimité, de vie ; de risques.

Certains messages nous font à nouveau sourire, des rencontres nous surprennent. L’être passé devient un livre qui nous a beaucoup ému qu’on ne relira plus, mais qu’on ne veut plus jeter au feu. On le range quelque part dans la bibliothèque et on sourit quand on le retrouve en triant ses affaires. Peut-être n’a-t-on plus besoin de l’oublier.

Alors, peut-on oublier quelqu'un ? Probablement. Mais comme le dit le vidéaste Darko : « Il y a certaines personnes qu’on n’oublie jamais vraiment, on apprend juste à vivre avec leur absence ». 

Fantômes éteints, spectres au bord de notre vie, ombres camarades.

@Lunesnoires, Jean Dizian

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