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Les rendez-vous avec soi-même : L'importance du célibat conscient

Se faire des petits plats

 

La cuisine est mon self date préféré. D’abord, j’ai une passion pour les courses. Aller chez Monoprix est une affaire sérieuse. Je suis donc sérieuse comme le plaisir. Je fais exprès de marcher lentement dans les rayons : je ne suis jamais à l’abri d’un coup de foudre avec une nouvelle sauce tomate. Une fois arrivée chez moi, l’impatience me gagne. Sur un air de piano jazz, en pyjama ou apprêtée, mes pieds nus se fondent dans le carrelage froid et alors je le sais : les assiettes et les casseroles dansent déjà. Je vais mettre de la beauté dans ma bouche jusqu’à l’orgasme. Il faut que je m’offre du plaisir : mon désir me l’impose. Ce soir, je découperai délicatement les grosses tomates couleur pourpre, l’ail. Je déposerai ensuite mon cœur de burrata à la truffe et les tranches fines de jambon italien avec un filet d’huile d’olive par-dessus, sans oublier une tranche de pain aux figues, merveilleux pour saucer le tout. Seule. Empirique sur mon canapé, dans l’indécence silencieuse du plaisir.

S’offrir des choses

 

A chaque fois que je suis en paix avec moi-même, je suis très dépensière. Certaines personnes dépensent pour compenser un manque, moi je sublime ma joie en vidant mon compte en banque. Plus je m’appauvris, plus je suis une célibataire épanouie. C’est le malheur (souvent causé par le chagrin d’amour) qui, a contrario, me rend avare. Je me fonds dans ma souffrance. Le désir s’est enfui. Et pourquoi d’ailleurs me ferais-je plaisir ? Je n’y pense même pas. Je préfère plonger dans les bas-fonds de mon âme jusqu’à m’y noyer.  Je remonterai à la surface. Je remonte toujours. Et la surface, c’est l’appel urgent d’un nouveau sac, d’une nouvelle bougie ou d’un nouveau canapé, du matériel qui me fait bailler quand je vais mal et désormais indispensable pour s’endimancher l’âme.

Se nourrir d’art, de mouvements et de vide 

 

Je vais au cinéma seule, je déjeune en terrasse seule, je vais à des dîners mondains seule, je vais au musée seule, je vais dévorer un livre dans un parc en fleurs seule, je me promène dans Paris seule, devant le miroir de mon entrée je danse seule, je vais faire les boutiques seule, seule je me nourris et ce soir je le raconterai à qui veut bien m’écouter et peu importe si l’on ne veut pas m’entendre parler de tout ce qui m’aura émerveillée, de tout ce que j’aurai appris. Aujourd’hui, dans le plaisir solitaire, épuisée mais pleine, je me serai nourrie.

O moi, merveilleuse moi, sublime et mortelle moi, oui je m’aime, m’abîme, me torture et de nouveau m’aime et quand je m’aime par la grâce de ma seule présence, j’aimerais tant que tous ceux que j’aime puissent m’aimer comme je m’aime.

 

Quand je m’aime, je suis comme du miel : j’attire les autres comme des abeilles.

Sarah Degny - @ladelicatessedesmots
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