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Les conséquences du premier amour

Mon histoire est peu commune et c’est en cela qu’elle doit être racontée. Pour rendre grâce à celui qui m’a sauvée, d’abord, et pour donner espoir à ceux qui n’y croient plus, ensuite. Dans chaque être, il n’y a pas de lumière sans ombre : la rose éclot après la pluie. Mon premier amour m’a sauvée d’un déluge et de cet amour je suis née. À cette époque, j’ai 18 ans et j’aime un loup. Notre relation est poisseuse, chaotique, dangereuse. Elle ne dure que sept mois mais suffisamment longtemps pour me consumer et détruire amèrement l’illusion que j’ai de la vie. La douceur du monde s’éteint dans ses bras et c’est par lui que j’accède pour la première fois à la lucidité, ennemie fidèle de la joie. C’est son meilleur ami qui me sauve. Par lui, je découvre le plaisir sexuel que j’avais fini par trouver sale, mais aussi le respect de l’autre, la communication verbale et surtout l’amour sain. C’est un esprit bien fait pour son âge et notre histoire d’amour va durer un an et demi avant qu’il me quitte pour l’Australie. J’ai aujourd’hui 10 ans de plus et à l’aube de mes 30 ans, je n’ai jamais aimé quelqu’un d’autre aussi fort.

Guérit-on un jour de son premier amour ?

Ces dernières années, on entend beaucoup parler de la notion de « déconstruction » vs celle de « construction » mettant en avant la théorie que nous serions en réalité des êtres construits sur la base d’injonctions sociales sans même le savoir, et qu’il serait ainsi possible de retrouver notre libre arbitre en nous asservissant de cette construction inconsciente. En d’autres termes, chaque individu serait une somme des pensées et des agissements de son environnement. Mais pouvons-nous vraiment déconstruire ce que nous sommes, ce sur quoi nous nous sommes construit en tant qu’individu, ce sur quoi nous avons appris à aimer, rire, pleurer et jouir ? Et au même titre que la déconstruction sociale, déconstruit-on la mémoire du chagrin ?

Pour ma part, je pense qu’on ne guérit jamais vraiment de soi. Mais que serait le charme et la beauté sans la fracture qui l’a créé ? Du beau vide. Mon premier amour m’a donné beaucoup de chagrin quand il m’a quittée. C’est un chagrin qui n’a jamais vraiment disparu et qui flotte toujours dans l’air lorsque je rencontre un homme dans un bar, lors d’un dîner ou d’une fête. Même au cours des deux longues relations qui ont suivi après lui. Le chagrin flottait et me regardait en embrasser un autre. C’est un chagrin qui sera toujours là, et c’est, paradoxalement, ce même chagrin, peut-être seul le chagrin, pas même l’espoir, qui me donne tant envie de croire en l’amour. Ce chagrin, je le vois aujourd’hui comme une clé qui me permettrait d’ouvrir le bon coffre.

On ne guérit jamais vraiment de ses expériences passées, on les apprivoise comme un chat sauvage, on apprend à vivre avec et le temps nous aide. Ce sont des bijoux qui nous habillent. Ces bijoux de chagrin m’ont conduite à faire de belles rencontres. Ils se casseront et tomberont peut-être un jour et alors, la mémoire aura fait son temps. Je ne pleurerai pas. Il n’y aura pas de sel sur mes joues. Mais j’aurai alors trouvé l’amour et le charme.

« Dans la vie on n’a qu’un seul grand amour et tous ceux qui précèdent sont des amours de rodage et tous ceux qui suivent sont des amours de rattrapage. » (Frédéric Beigbeder)

Un jour, peut-être, ce premier amour que je cherche en chacun, loin dans la mémoire, sera devenu un amour de rodage.

Je vous souhaite des centaines d’amours de rodage.

Par @ladelicatessedesmots

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