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Le pouvoir de la vulnérabilité : comment l’ouverture émotionnelle renforce les liens intimes ?

Le terme vulnérabilité est d’origine latine, nom commun vulnu, « la blessure », verbe vulnerare, « blesser », et encore vulnerabilis qui signifie « qui peut être blessé » et « qui blesse ». Notons l’extension de ces mêmes racines vers vulnerarius dans le mot « vulnéraire », peu utilisé dans le langage commun, qui signifie ce qui est propre à la guérison des plaies et des blessures. Communément, elle traduit une situation de faiblesse à partir de laquelle l’intégrité d’un être est ou risque d’être affectée, diminuée, altérée. Si l’on se penche sur cette définition, il semblerait idiot d’accueillir cet état de faiblesse comme une force. Mais l’évolution des mœurs au fil des siècles parvient à nous prouver le contraire. Seul bémol : l’humain a passé plus de temps à penser qu’il fallait s’asseoir sur sa fragilité que l’inverse. Aujourd’hui encore, malgré un immense pas vers une impudeur émotionnelle libératrice et exacerbée, la vulnérabilité a mauvaise presse. La tristesse de ce constat réside dans le potentiel de sa beauté que la plupart des Humains décident de ne pas voir. Toujours par crainte, celle de souffrir.

Or, la vulnérabilité sommeille en chacun de nous : c’est un monstre de délicatesse. Elle est notre secret et notre âme. (Le secret étant notre vérité, ce qui n’a pas de secret n’a pas d’âme.) Voilà un terme qui me plaît. Un monstre de délicatesse. Là, endormi en nous, prêt à ouvrir l’oeil. Nous pouvons laisser ses doigts de géant nous attraper ou décider de vernir ses ongles. Mais comment accueillir cette vulnérabilité au sein des relations intimes sans qu’elle ne nous avale ? Comment l’ouverture émotionnelle renforce-t-elle nos liens amoureux ?

Pascal Quignard dans Vie secrète écrit : « Aimer, c’est pouvoir penser tout haut avec un autre être humain. Confier ce qui se passe par la tête, c’est comme arracher le voile sur sa nudité et ses états. L’intimité (comprenez ici qu’il veut dire « vulnérabilité ») ne se discerne pas de l’extrême franchise. C’est l’indécence même. Cette intimité est : 1. extrêmement dangereuse. 2. totalement passionnante. Plus rien n’est en arrière des yeux. Plus rien n’est en réserve de la vue. »

Ici, Quignard explique la nécessité, le fait naturel, spontané d’offrir sa vulnérabilité à la personne qu’on aime car il n’y a pas d’autre façon d’aimer. Aimer, c’est jouir d’être nu près de l’autre. C’est retirer le masque et prendre le risque d’être blessé. C’est connaître le danger – la passion ne naît pas sans danger - et faire le choix de le prendre.

L’amour est impudique, vulnérable, Absolu.

Ce qui renforce la relation amoureuse, c’est l’événement extérieur. L’événement, dès lors qu’il surgit – grave ou non - créé une réaction, une émotion. C’est la vulnérabilité (le monstre de délicatesse) qui se réveille. Cette vulnérabilité, si l’on décide de la partager avec l’être aimé, renforce le lien intime. Le monde extérieur, par l’événement, a renforcé l’intimité, un événement auquel le monde extérieur n’a pas accès. Presque inconsciemment, nous faisons tomber le masque. Nous ne sommes plus au bord de la nudité, mais pleinement dans le secret de soi, impulsif, vital. L’âme est partagée à l’autre. Par le partage de cette vulnérabilité créé par l’événement, prenons l’exemple d’un parent qui tombe malade. L’autre (celui qui ne souffre pas) décide d’être présent et de prendre la souffrance du blessé. Les liens se renforcent. L’événement extérieur a sublimé l’intimité, le lien intérieur.

A l’inverse, je pense à un rendez-vous galant où je n’ai pas su retirer le masque face à un homme qui me plaisait. J’ai sous estimé la beauté de ma vulnérabilité. Soulignons une autre forme de vulnérabilité dans ce cas précis : la danse hormonale des prémices amoureux. Je me souviens m’être beaucoup questionnée – et ce, durant des années - sur la nécessité d’être soi pour séduire l’autre. Ce jour-là, mon masque m’a été reproché, voire moqué (bien que gentiment). Le garçon m’a gentiment fait remarquer qu’il fallait que je baisse les armes et donc le masque. Il a dérobé le masque. Je me suis demandée : suis-je mauvaise menteuse ou bien suis-je plus belle sans le masque, ce masque que je ne sais même plus remarquer ? Dès lors que ce fut le cas, ma vérité absolue lui a plu, c’est-à-dire ma vulnérabilité.

Sur toutes ces questions déguisées en affirmations, la question que je me pose alors est la suivante : si deux personnes formant un couple ne se partagent jamais leurs tréfonds, leur vulnérabilité, ressentent-elles des sentiments authentiques ou des sentiments de convenance ?

(Partie 1)

Par @ladelicatessedesmots

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