Le courrier du cœur, septième édition
Voici enfin la septième édition de notre Courrier du cœur ! Le 12 décembre dernier, Morgane Ortin, fondatrice d'Amours solitaires, vous a demandé de lui confier des questions sur votre vie amoureuse. Après avoir choisi 3 questions parmi bien d'autres, elle y répond dans cet article. Vous aussi, interrogez l'oracle de l'amour une fois par mois, prochain rdv le 9 janvier 2020 en story sur notre compte Instagram AdopteUnMec.
Je sors avec quelqu’un que je n’aime pas parce que j’aime toujours mon ex, comment faire ?
Je pense qu’il faut dans ce cas-là accepter de passer un moment seul·e pour guérir de cet amour passé. Il me semble que ce n'est pas une bonne chose d’enchaîner les relations lorsque le cœur n’est pas guéri, car alors, on accumule chagrin, rancœur, frustration, avec le risque de blesser cette nouvelle personne qui partage notre vie, accompagné de celui de ne jamais vraiment prendre du temps pour soi, pour faire le bilan et se remettre à jour sentimentalement. La relation que l’on vit alors ne pourra jamais être pleinement satisfaisante, et il est important de ne pas voir l’autre comme un pansement qui pourrait nous soulager le temps qu’on se remette de notre ex. Ce ne sont en général pas les moments les plus faciles, mais ils sont tellement salvateurs pour la suite : accepter son chagrin, accepter d’être seul·e, accepter de se soigner pour être enfin totalement disposé·e à passer à autre chose et à vivre une nouvelle belle histoire d’amour. Chaque chose en son temps ! Il ne faut pas les précipiter, au risque de se brûler les doigts (et le cœur !).
Tentation et confiance, alliées ou ennemies ?
La tentation existe dans n’importe quel couple, et dire le contraire serait se mentir. Ce n’est pas parce que l’on est amoureux·se de quelqu’un que l’on devient insensible et froid au reste du monde et de l’humanité (ce serait d’ailleurs bien triste !). C’est pour cela qu’il ne faut pas voir la tentation comme l’ennemie jurée du couple, à mon sens, il est même plutôt sain qu’il y en ait, car la tentation c’est aussi quelque chose de très stimulant et qui est inhérente au sentiment de se sentir en vie. Si l’on n’est pas dans un couple polyamoureux, la confiance se construit autour de la résistance à la tentation : on sait qu’elle pourra être présente à un moment, mais on décidera tout de même de se choisir et de ne pas faire de compromis sur cela. L’amour demande du courage. La confiance demande du courage. On signe ce pacte lorsque l’on tombe amoureux et qu’on décide de construire ensemble.
Un amour non vécu peut-il être tout aussi beau qu’un amour vécu ?
Malheureusement (ou heureusement ?) oui. Il y a dans l’inachevé quelque chose qui a trait au fantasme, à la projection, qui sublime autant qu’il détruit les cœurs. Un amour inachevé laisse l’imagination libre de se demander ce qui aurait bien pu se passer, rêver d’une fin meilleure, et finalement, englobe la relation dans une petite éternité. En revanche, une relation inachevée peut être très douloureuse tant on peut projeter des choses inaccessibles qui nous empêchent de passer à autre chose. Car la difficulté d’une relation inachevée est véritablement celle-ci : comment passer à autre chose lorsque l’on a l’impression en permanence de ne pas être allé·e au bout ? Je recommande d’ailleurs la lecture du Marin de Gibraltar de Marguerite Duras concernant ce sujet, pour se plonger dans l’histoire d’une femme qui parcourt le monde à bord de son bateau à la recherche d’un marin avec qui elle n’a passé qu’une nuit et dont elle est tombée follement amoureuse. Le roman est cette quête frénétique et presque obsessionnelle de cet amour perdu aussitôt qu’il s’est noué. Je pense également à l’écrivain Franz Kafka avec Milena qui n’ont vécu ensemble qu’un amour inachevé pourtant responsable d’une des plus belles correspondances du XIXe siècle.
Morgane Ortin
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