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La petite mort en solitaire

Petite fille pré-pubère, je découvre la masturbation sans comprendre ce que c’est. Il me faudra des années pour dédramatiser la nature de mon geste, me ré-approprier mon corps et enfin, savoir danser seule le tango avec. De l’inexplicable à l’indispensable, la masturbation fait aujourd’hui partie de mon hygiène de vie.

Les vertus de la masturbation

La masturbation a de nombreuses vertus pour la santé. Lorsque je suis malade physiquement, la masturbation me permet non seulement de penser à autre chose, mais aussi d’apaiser mon mal, quel qu’il soit. Si je suis en gueule de bois et qu’elle est trop pénible à supporter, je remarque que la masturbation la rend plus douce. Si j’ai une grippe ou une gastro, il est tout aussi évident que je ne saurais traverser le virus sans jouir grâce à mes doigts. Récemment, un homme m’a partagé le fait que lorsqu’il avait le nez bouché, se toucher le lui débouchait (vérifié et approuvé). In fine, si j’étais médecin, je prescrirais des séances de masturbation pour aider à la guérison

Je ne compte plus le nombre de fois où la masturbation m’a sauvée de l’angoisse. Et comme l’angoisse peut frapper n’importe où et n’importe quand, il m’est arrivé de m’isoler pour me toucher quitte à prendre le risque de me faire surprendre. Il y a 7 ans, je travaillais dans un hôtel casher sur les grands boulevards pour m’offrir des vacances d’été dignes de ce nom. L’expérience ne se passant pas bien, je multiplie les crises d’angoisse. Un jour, je décide de m’isoler dans une chambre de l’hôtel pour stopper la montée d’une énième crise d’angoisse, mais en vain. Désespérée, je ferme la porte à clé derrière moi pour me toucher. Malgré le risque pris, la crise a disparu en l’espace de 3 minutes. Je n’ai pas honte de dire qu’il m’arrive de me masturber dans des endroits publics pour produire une montée d’endorphine, tant que personne ne me voit et que l’angoisse disparaît. La masturbation est irrévocablement thérapeutique.

L’autoérotisme excite

Une femme qui sait se faire jouir sans homme ni jouet est une femme qui plaît. Elle n’a besoin que d’elle-même, elle se suffit à elle-même. Pas de règle, l’interdit n’existe plus, le plaisir est Absolu, la femme devient l’Absolu. Comme Boris Vian, je pense « sexuellement, c’est-à-dire avec mon âme. » Mon corps danse avec mon âme. Je jouis avec moi-même pour moi-même. Si je me plais sans désir de plaire, je suis ma propre œuvre d’art. Si je ne suis pas seule pendant l’acte sexuel, il en va de même. Se toucher soi-même pendant la pénétration permet non seulement d’augmenter son propre plaisir mais aussi le plaisir de l’autre par l’image. Il y a de l’audace à montrer comme l’on peut se satisfaire devant celui qui se sent en charge de le faire. La personne qui m’a décomplexée quant au fait de se toucher devant l’autre est mon premier amour. Devant lui, je n’ai jamais rougi. Devant lui, je m’abandonnais entièrement. Et son regard, sa bouche, ses mains m’en remerciaient à chaque fois. C’est aussi grâce à cet homme que j’ai découvert combien il était attirant d’en parler à l’oral comme à l’écrit. 

« Cher vous, Je me touche en pensant à vos doigts. Je me touche en pensant à vos yeux. Je me touche en pensant à vos yeux sur moi. Je me touche en pensant à votre voix et même en imaginant vos pensées, vos démons, à tout ce que vous ne me dites pas. Je me touche tous les jours en espérant que plus je me toucherai, plus je vous ramènerai à moi. Mais vous n'arrivez pas. Et plus je me touche, plus vous vous éloignez de moi. Alors je continue de me toucher, sans vous le dire, sans vous l'avouer ni vous l'écrire en espérant que, peut-être, vous touchez- vous ne serait-ce qu'un peu, parfois, en pensant à moi. »

L’orgasme après l’absence d’orgasme

Se connaître sexuellement n’induit pas toujours le fait que l’autre parviendra à nous satisfaire, au contraire. Cela peut également créer une grosse frustration. Pour ce faire, je conclurai cet article avec ce petit poème que j’ai écrit après une rupture, à lire et à relire après une expérience peu concluante au lit.

J’ai glissé deux doigts dans l’entre-jambe J’ai joui dans ma culotte, Et j’y ai vu naître des fleurs, Toutes celles que tu ne m’offrais pas.

Offrez-vous des fleurs.

Par @ladelicatessedesmots

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