AdopteUnMec.com

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Je suis une starfuckeuse. Et j'assume.

Certaines filles ont un type d'homme bien particulier : les mariés, ceux qui refusent de s'engager, les barbus ou encore les pompiers. Moi, ce sont les gens connus qui m'excitent. Est-ce que ça fait de moi une starfuckeuse ?

Kate Hudson interprétant la groupie Penny Lane dans "Almost Famous" de Cameron Crowe (2000)

Autant que je m'en souvienne, je ne ne suis jamais sortie avec un mec "normal." Au lycée déjà, j'avais jeté mon dévolu sur la star de l'école, Pierre. Cheveux longs, guitariste dans un groupe, beauté racée, tempérament de bad boy, toutes les filles étaient amoureuses de lui, et c'est moi qui l'ai eu. Je pense que le fait que je sois impopulaire dans ma classe rendait ce désir urgent. Je ne sais pas si c'est mon physique qui les attire : je suis blonde, j'ai de la poitrine, des hanches et je joue à fond le look de la pin-up rock'n'roll : tatouages, blouson en cuir, boots ou talons. En tout cas, aucun médecin, avocat ou boulanger ne s'est jamais intéressé à moi. Pas plus que je ne me suis intéressée à eux. À moins que le boulanger fasse du pain pour un restau étoilé et soit en interview et photo dans tous les magazines.

Good girls go to heaven, bad girls go to backstages

Ça a commencé à devenir une habitude quand j'ai eu 18 ans. Mes parents me laissaient enfin aller aux concerts avec ma meilleure pote, sans imaginer une seconde ce qui se tramait. À chaque fois, je me débrouillais pour m'habiller de façon originale, afin de me faire repérer par les roadies et les managers des groupes. Mon premier vrai copain a été le chanteur d'un groupe de rock américain très, très, connu. Je suis tombée amoureuse de lui la première fois que je l'ai vu dans un clip sur MTV. Jamais je n'aurais pensé un jour le voir d'aussi près. Sa voix m'accompagnait depuis des années et il représentait physiquement un certain idéal : sauvage, musclé, tatoué, intelligent, profond, sensible et assez sombre. Après le concert, j’ai réussi à me faufiler dans les loges. Aujourd'hui, les groupies se servent de Twitter, Facebook et YouTube pour tenter d'inviter leur star préférée le temps d'une soirée. À l'époque (les années 90), cette drague à distance n'existait pas. Ce soir-là, j'atteignais le Graal en l'approchant et j'obtenais ce que je voulais plus que tout au monde. A mon grand étonnement et après avoir couché ensemble dans les toilettes sales et étroites des backstages, la relation se poursuivit et dura plusieurs mois. Dès qu'il venait en France, on se retrouvait à son hôtel et on vivait la "high life." Pillage du mini bar, invitations aux soirées branchées, virées en moto ou en belle bagnole, places VIP aux concerts, présentation d'autres amis people…, ce type avait ses entrées partout. L'histoire s'est arrêtée car, marié, il venait d'avoir un enfant et désirait se calmer sur les "groupies." Moi qui pensait être la seule, j’ai découvert bien plus tard qu'il avait une fille dans chaque ville. Comme les marins.

Quart d'heure de célébrité

Mais cette déception n'a pas calmé mes choix. J'ai ensuite fréquenté beaucoup de musiciens, avant de rencontrer un acteur américain, héros de films d'actions. Ce qui m'a attiré chez lui, je dois l’avouer, avant tout son côté paternel. Il me couvrait de cadeaux (restaurants à 400 euros l’addition, robes de créateurs, lingerie fine, bijoux, etc). Un été, entre deux tournages, il m'a offert le trajet jusqu'à Los Angeles pour que je le retrouve, car il s'ennuyait. L'histoire terminée (il a fini par se lasser de moi, constamment soumis aux tentations), j'ai rencontré d'autres comédiens et grands réalisateurs. Le plus étrange c'était ensuite de voir ces gens avec qui j'avais eu des relations physiques et intimes sur les écrans ou dans les journaux. Une fois j'ai même été prise en photo par un tabloïd alors que je sortais depuis un an avec un humoriste connu. Le journaliste me qualifiait de "charmante inconnue." J'étais à la fois choquée par cette intrusion dans ma vie privée et flattée de faire partie d'un monde plus intéressant que celui dont je venais. J'ai grandi à la campagne et mes parents manquaient de tout. Alors me retrouver dans la presse... Je pense que sortir avec un mec connu me donnait l'impression de posséder moi-même une partie de leur aura, de leur mythe. J'avais enfin mon quart d'heure de célébrité.

Fuite en avant ?

Je me suis beaucoup interrogée sur les raisons de cette passion. Peut-être qu'au fond, je n'étais pas du genre à vouloir m'engager. Je ne me sentais pas prête. En réfléchissant à mes goûts, je me suis demandée si, au fond, je n'avais pas peur de devenir comme tout le monde ou de me ranger dans une vie ennuyeuse. L'adrénaline, les paillettes et le faste de ces relations me maintenaient dans un état d'admiration adolescente où tout semblait possible. Le point commun de tous ces hommes était leur indisponibilité. J'ai rencontré mon mari actuel au supermarché, rayon bio, quand j'avais commencé à faire un travail sur moi. Je ne savais pas qui il était, mais ça a été le coup de foudre au premier regard. Il dégageait quelque chose d'apaisant et d'authentique. Il se trouve que cet homme est un sportif, et qu'il est très célèbre dans sa discipline, mais ce n'est pas une star. Je ne suis pas fan de sport et pourtant sa personnalité m'a attirée. Nous vivons aujourd'hui un quotidien plutôt simple, sans sorties tapageuses et fuites face aux paparazzis. Et bizarrement, les backstages ne me manquent pas tant que ça.

Rose Dubois

(Photo : Emir Eralp pour Wildfox Couture ) je m'inscris
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