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De l'intime à l’extime

Il n'y a rien de plus étonnant que l'amour et son affreuse aisance à passer du "Tu prends ta douche avec moi ?" au "Qu'est-ce que tu deviens toi ?"

Qu'est-ce que je deviens ? Une version que j'aurais aimé être plus tôt. Celle que je n'aurais pas osé être avant. Une vision plus mature de ce qui m'entoure. Je deviens les rectifications à mes ratures. Par moment même, je ne deviens pas, je recule seulement. Je te regrette ou pas du tout. Je pense à toi ou au vieux nous. Je deviens sûrement et puis je suis. Celle qui a changé, qui stagne, qui doute, qui croit, espère, rage et puis oublie. Mais je répondrais succinctement :

- Pas grand chose et toi ?

Toi aussi, tu vas me répondre que tu deviens tout ce que j'aurais aimé que tu sois, n'est-ce pas ? Tu es soudainement à l'écoute, présent et honnête. Tu as décidé de changer tes mauvaises habitudes et ce qui me prenait la tête. Je n'ai été qu'un vulgaire entraînement. C'est énervant et tu réponds succinctement :

- Rien de fou, t'es toujours sur Paris ?

On a partagé un appartement, des dimanches ennuyants, des débats stimulants. On a rêvassé des heures sur ce petit balcon en observant les passants. Arpenté les rues de la capitale, découvert de supers cocktails, pris nos petits dej' près du canal. On s'est avoué une tonne de secrets, je connais ta famille et ses 4 vérités. Je sais ce qui t'a fait souffrir, les réflexions qui t'ont blessé. Nous avons menti l'un pour l'autre, formé une équipe choc, un duo, un roc. Mais,

- Toujours à Paris, j'adore. Génial. Alors, une copine ?

Je sais tout ce que tu aimes. Quand on caresse ta nuque. Je connais le grain de ta peau, tes qualités et tes défauts. Je sais où poser mes lèvres, ce que tu adores et ce qui t'énerve. Je connais tes limites, tes peurs et tes doutes. Les chemins que tu as pris, les détours et les routes. Mais voilà le virage :

- Oui, oui, une copine. On va sûrement emménager. Elle est top, et toi, tu as un mec ?

On a choisi ensemble tous les meubles chez IKEA. On avait beaucoup ri ce jour-là. Je t'ai offert tous les tableaux qu'elle regardera avant de s'endormir. As-tu toujours la tasse avec le dessin qui nous faisait rire ? Est-ce que vous vous disputez pour le dernier morceau de chocolat blanc ? Est-ce que vous dites tous les deux ne pas en vouloir pour faire plaisir à l'autre finalement ? Peu importe, puisque :

- Oui, oui, moi aussi j'ai quelqu'un.

Mensonge. Je suis seule et refuse d'aimer un inconnu. Je n'ai pas envie de réexpliquer tous les codes ni de réapprendre une personne par cœur. Pour être tout à fait franche, j'espérais secrètement qu'on se retrouverait, un jour. Qu'on travaillerait l'un et l'autre sur ce qui n'allait pas de notre côté pour mieux pouvoir s'aimer mais :

- Trop bien ! Trop trop bien alors... J'ai été heureux de te voir ! Je dois filer, à la prochaine ? - C'est ça, à la prochaine.

Un geste de la main, pas de bise, pas de contact. Mal à l'aise, pas de regard, aucun tact.

Il s'en va, malheureux, se félicite d'avoir inventé une copine puisqu'elle a un copain et que secrètement il espérait qu'ils se retrouveraient, un jour. Qu'ils travaillent l'un et l'autre sur ce qui n'allait pas de leur côté pour mieux pouvoir s'aimer mais...

Par @lalanguependue

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