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Comment les réseaux sociaux impactent-ils nos relations amoureuses ?

Du virtuel… au réel

Il y a un mois et demi, je tombe par hasard sur le compte Instagram d'une chaîne de télé et tombe amoureuse folle du journaliste qui présente un reportage sur un sport médiéval (vous ne voulez pas savoir ce que c’est). Je décide de lui communiquer le fait que je l’ai remarqué en lui écrivant un message privé, message auquel il me répond dans la foulée de façon très enjouée : ô joie. Rapidement, on commence à entretenir des échanges par écrans interposés du matin au soir : une évidence se dessine et devient quasi palpable. Au moment où débutent nos échanges, il est en vacances au ski avec des amis et a prévu de revenir à Paris le samedi qui suit, soit dans quatre jours. Il me dit qu’il n’en peut plus, qu’il souhaite absolument me rencontrer, qu’il aime cela chez moi et cela aussi, et j’ai tellement hâte de te voir Sarah. Moi aussi, moi aussi, moi aussi. Il a un anniversaire de prévu le soir de son retour mais il m’informe qu’il compte l’annuler pour me voir dès sa sortie de la gare. Ce fameux samedi soir, on se rencontre et l’alchimie opère. Il est très beau, grand, vraisemblablement brillant et passionné par ce qu’il fait. Il me dit j’ai envie de t’embrasser, tu es belle et tes lèvres, toi, tout. Après un tango de langues effrénées devant les clients du bar, je décide de lui demander s’il est marié sur le ton de la plaisanterie. Il me répond non...mais j’ai quelqu’un depuis quelques temps, et puis tu as pop dans mes DM ! Comment passer à côté d’une fille comme toi ? En sortant de ce bar, j’ai pensé à cette fille. L’autre. L’absente. Celle qui aurait dû être à ma place en face de lui. Et puis j’ai pensé à mon propre écrit, désormais vérifié, ironie sempiternelle, posté il y a 3 ans, que je venais de vivre à l’instant même. « Instagram, c’est le piédestal de la merde sentimentale. On aime une femme le lundi, une autre se glisse dans nos DM le mardi… » Vous connaissez la musique.

Les faux comptes, le FBI de la jalousie (voir sans être vu)

Je connais beaucoup de personnes qui possèdent des faux comptes. J’en ai moi-même eu et je l’affirme sans honte. Depuis la création d’Instagram, il existe autant de faux comptes que de vrais comptes pour voir sans être vu. Ici, je ne parle évidemment pas de bot hot girls créés pour vous soutirer de l’argent contre du sexe en ligne, mais de @Mariek99, ce profil qui apparaît régulièrement dans la liste des vues sous vos stories sans que vous ne sachiez de qui il s’agit. Elle possède quatre photos qui n’ont aucun lien les unes avec les autres, 0 abonné, allez probablement (parfois) une dizaine pour ne pas se faire griller et 1300 abonnements. Mariek99 qui pourrait en réalité s’appeler Sarah Degny a créé ce compte dans l’unique but de surveiller sans se faire prendre les profils qu’elle craint autant qu’elle jalouse. Cette curiosité mal placée, plus répandue qu’on ne le croit, est une véritable torture douce. Utiliser un faux compte pour enquêter/surveiller les autres génère non seulement une véritable source de stress malsaine qu’on s’inflige à soi-même (personne ne vous a demandé de créer ce compte sinon vos propres insécurités), une anticipation anxiogène d’une situation qui n’existe pas mais qu’on s’invente à partir d’un like, mais aussi la confirmation que nous sommes impuissants face à la tentation qui nous entoure. Nous voulons sans cesse contrôler l’incontrôlable. Ma mère, enfant, me disait toujours, si l’on cherche, on finit toujours par trouver quelque chose qui ne va pas nous plaire, alors pourquoi le faire ? Voir son ex ou son homme liker ouvertement la photo d’une fille fait mal, oui, mais que pouvons-nous bien y faire ? Nos grands-pères achetaient des magazines Lui pour mater des filles nues et s’ils désiraient aller plus loin, ils trouvaient le moyen de le faire. Les méthodes ont simplement évolué et si l’autre a envie d’aller voir ailleurs, il y parviendra. Le FBI de la jalousie est un enfer personnel dont il faut se défaire. Nos névroses nous appartiennent. L’individualité fait désormais partie intégrante de nos vies : lâchons prise, et dites vous bien que tant que Meta existe, nous sommes coincés. 

Scroller : habituer son cœur au zap

Je ne vous apprends rien, scroller de façon excessive possède un effet pervers et inconscient sur nos relations intimes. Il est vrai que se concentrer deux secondes et demie 645 fois par jour sur un sujet différent n’a jamais été gage de grande réussite, et il n’est pas aberrant d’y constater des conséquences néfastes au sein même de la relation amoureuse. En scrollant, on indique à notre cerveau un système de zapping gargantuesque qui nous éloigne de la profondeur. La quantité a pris le pas sur la qualité. Cette habitude d’abruti notoire à laquelle nous avons pour la grande majorité tous succombé nous a transformé en enfants pourris gâtés persuadés que le génie de la lampe existe. La vitesse, l’instantanéité, la culture du zap, toute cette spirale infernale nous pousse à devenir de plus en plus exigeants (ou plutôt à nous faire croire que nous sommes exigeants) dans notre rapport à l’amour au point de laisser tomber aisément une situation/une personne à la moindre difficulté qui se présente. Pourquoi ? Parce qu’il y a un dérivé de tout, une meilleure version de tout. Mais comment construire une base saine et durable ou des souvenirs sans volonté de parfaire ce qu’on possède déjà ?

Faut-il tuer Meta ou tout simplement accepter que l’humain est non seulement incontrôlable mais aussi soumis aux systèmes innovants qui ne cessent de muter ?

Sarah Degny - @ladelicatessedesmots

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