Tourne un porno et sauve un arbre : le combat de « Fuck For Forest »
Plus compliqué qu'arrêter de faire couler l'eau du robinet pendant qu'on se lave les dents, le mouvement « Fuck For Forest » propose de tourner un porno pour sauver la forêt et être green.
Au milieu des années 2000, Tommy Hom Ellingsen prenait en levrette Leona Johansson, sur la scène du Quart festival, en Norvège. Image choc qui marqua les esprits. Les quelques milliers de personnes présentes venaient de découvrir les créateurs de Fuck For Forest et leur plaidoyer pour l’amour libre, la libération des corps et l’acte sexuel en plein-air. Quelques minutes avant de voir les activistes se dévêtir, le public avait eu droit à un petit discours de sensibilisation sur le sort que réserve l’homme aux forêts tropicales. Car si Tommy et Leona adorent faire l'amour en public et se filmer en train de le faire, ce n’est pas (uniquement) pour assouvir des fantasmes exhibitionnistes, mais avant tout pour faire bouger les choses. Comme le disait Gandhi : « sois le changement que tu veux voir en ce monde ».
Douze ans après le lancement du site Internet, retour sur la plus grande épopée écolo-porno de l’ère 2.0.
Porno politique
Quelques mois avant la scène d’amour public qui leur a valu un procès, Tommy Hom Ellingsen et Leona Johansson avaient déjà fait fort : ils avaient obtenu des fonds du gouvernement norvégien, le pays d’origine de Tommy, pour lancer « une association de défense de l’environnement alternative », omettant au passage d’expliquer que leur activisme reposait sur la pornographie. Leur idée relevait presque du génie : le sexe fait vendre n’importe quoi, le porno génère des milliards de dollars de bénéfices chaque année, les forêts tropicales sont en danger.
Pour 12 euros par mois, Fuck For Forest propose donc des tonnes de contenu porno eco-friendly, dont les bénéfices sont censés être reversés à des associations de défense de l’environnement.
Mais les porn-activistes n’avaient pas pensé à tout…La plupart des associations à qui ils ont proposé les 100 000 dollars collectés la première année ont refusé l’argent, de peur de ternir leur image.
Berlin über alles
Pour échapper au procès, les deux amoureux s’envolent à Berlin. Ils y fondent une communauté très « sexe, drogue et rock’n’roll » avec un fort penchant pour le premier. Les inscriptions se multiplient, le rêve prend vie et tient comme il peut, pendant un peu moins de dix ans. Ce qui paraît déjà énorme pour une communauté de ce genre. Mais depuis deux ans, Fuck For Forest prend l’eau de tous les côtés. Certains membres demandent que leurs photos de nu soient retirées du site et les critiques contre Tommy se multiplient. Sans compter le film qui leur a été consacré est considéré par le couple comme un véritable coup de couteau dans le dos. Malgré tout ça, Tommy et Leona ne se laissent pas abattre. Ils ont même quitté Berlin, son béton et ses esprits étriqués depuis quelques années pour se consacrer à d'autres projets.
Du sexe hard aux drogues soft
Le couple d’activistes est en effet aujourd'hui persuadé que c’est en Amérique centrale, au plus près de la nature qu’il veut défendre, qu’il faut agir. Le mois dernier, coup de théâtre. Leona a annoncé sur le blog de Fuck For Forest que Tommy quittait l’aventure, après plus de dix ans de sexe au service de l’environnement. Le presque quadra se consacre à son nouveau concept : la Manzana Podrida, 27 hectares de forêts dans la sierra mexicaine peuplés de plantes médicinales et psychédéliques.
Bref, après l’activisme porno, le fondateur de Fuck For Forest se recentre sur lui-même, sans renier ses valeurs de sublimation du corps et de quête de soi qui ont fait son succès.
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