Tolstoï : L’amour à l’épreuve du quotidien (partie 2)
L’illusion de la perfection
Tolstoï n’a cessé de montrer combien la quête de la perfection peut être une illusion destructrice. Dans un monde où les profils sont soigneusement calibrés, retouchés, embellis, ce dernier nous mettrait en garde contre ce besoin de paraître irréprochable. Ses personnages en quête d’idéal finissent d’ailleurs très souvent par se heurter à cette belle réalité.
Prenons l’exemple de l’idéalisation de la figure de Vronski par Anna. Elle projette sur lui l’image d’un amant parfait ; image qui se gerce brièvement :
« Ce n’était plus cet homme qu’elle avait aimé au début ; dans ses traits, dans sa voix, dans chacun de ses gestes, elle découvrait quelque chose de nouveau qui la repoussait. » (Chapitre 22)
Tolstoï nous rappellerait que l’amour véritable ne se fonde pas sur une perfection fictive, mais sur l’acceptation de la complexité d’autrui. Il nous inciterait à aller au-delà des masques des premiers rendez-vous afin de percer une relation sincère, fondée sur l’authentique, le vrai.
L’amour à l’épreuve du temps
Dans les romans de Tolstoï, l’amour n’est jamais une course rapide, mais un long voyage. Les relations qui persistent sont celles qui survivent aux épreuves, aux incompréhensions, et même aux désillusions. Notre penseur aurait bien du mal à comprendre l’on puisse se lasser si rapidement, simplement parce qu’un profil plus attrayant apparaît. Selon lui, l’amour durable est celui qui se construit dans la durée, qui résiste à l’érosion du temps.
« Il comprit que l’amour véritable, c’était un chemin sans fin, un voyage partagé oùchaque jour, on découvre quelque chose de nouveau chez l’autre. » (Chapitre 9)
Tolstoï nous rappellerait ici que l’amour ne se limite pas à l’instant, mais qu’il se développe au fil des étapes, à travers les défis et les joies du quotidien. À l’ère des rencontres en ligne, il nous inviterait à cultiver cette patience, à ne pas se laisser décourager par les obstacles, et à persévérer dans la recherche de cet amour profond et durable.
Que ferait Tolstoï face aux rencontres en ligne ?
S’il vivait en notre temps, Tolstoï ne rejetterait sans doute pas les rencontres en ligne en bloc, mais il nous pousserait à les utiliser avec discernement. Il serait d’abord surpris par la facilité avec laquelle nous créons la rencontre, et confisquerait la superficialité du monde. Il mettrait l’horloge en pause afin de prolonger nos rendez-vous. D’après lui, l’amour ne se résume pas à une série de charmes partagés à la va vite. C’est un engagement profond, une quête exigeante qui nécessite sincérité, patience et courage. À l’ère du « en ligne », son message serait clair : ne confondez pas la rapidité de la rencontre avec la profondeur de l’amour.
Dans ce monde numérique où tout va si vite, où l'on peut "matcher" puis "déconnecter" Tolstoï nous inviterait à lever le pied (pas pour ce que vous pensez), à prendre le temps de cultiver l'amour comme on cultive un jardin, avec soin, attention et une bonne quantité de patience.
Parce qu’au fond, même à l’ère numérique, l’amour reste une aventure humaine !
Par @marivaude
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