Sexe et ascenseurs : attentes vs réalité

"Oooooohoooh en apesanteur…"

Si vous faites partie de la génération Shy’m / Calogero et avez vécus vos premiers amours à coups de rediff’ de Cinquante Nuances de Grey, vous avez dû comme moi fantasmer la tension sexuelle ultime de la fiction : j’ai nommé le lieu-dit de l’ascenseur.

Entre désillusions et éclats de rire, voici quelques conseils tirés de mon expérience de vieille branche pour une expérience optimale.

Allez, un dernier couplet pour la route !

"Elle arrange ses cheveux J'ai le cœur juste au bord des yeux Et sans la regarder je sens la chaleur D'un autre langage Alors Les yeux rivés Sur les étages Pourvu que rien n'arrête le voyage !"

1. BIEN CHOISIR SON ASCENSEUR

Quoiqu’en dise la bonne pensée, tous les ascenseurs ne sont hélas pas conçus égaux.

Vous aurez indéniablement plus de désir pour cet inconnu aux yeux de biche dans la cage dorée d’un luxueux immeuble New-Yorkais que dans le monstre de fer bringuebalant de votre résidence CROUS non-rénovée.

En cause, la flore parfois tout aussi sordide que celle des toilettes d’une boîte de nuit, les néons verdâtres clignotants, ou encore les cinquante personnes embarquées depuis votre étage de départ, qui vous feront comprendre que les secondes qui durent des heures n’étaient pas forcément à prendre au degré Calogero.

Le petit plus : s’enfermer dans un ascenseur sale est le défi idéal pour vaincre votre peur panique des germes.

2. NE PAS ÊTRE ALCOOLISÉE, SURTOUT QUAND VOUS ÊTES CLAUSTROPHOBE

Rien qu’en lisant le titre, vous sentez LA mauvaise idée. Celle que vous testerez quand même, parce que personne ne pense à ressortir ses billets de blog une fois bourré.

Vous venez de quitter le bar, après votre huitième gin-tonic (sans tonic d’ailleurs depuis votre deuxième verre), et croisez dans votre immeuble votre voisin d’en face, tout aussi frais que vous ?

Persuadés qu’attendre encore cinq paliers vous tuerait, vous commencerez à vous embrasser sensuellement, en soutien-gorge dans l’habitacle. Prise d’un soudain élan d’audace, (certainement pas de lucidité), vous jetterez votre t-shirt à travers la porte du 3e étage. Et là, c’est le drame : vous appuierez par mégarde sur le bouton d’urgence avec votre coude, et resterez bloqués cinq heures dans l’ascenseur.

Entre les blagues de votre coup du soir qui ne comprendra pas l’urgence de la situation, votre analyse bipolaire des circonstances - alternant cris de détresse et éclats de rire - et votre envie pressante de faire pipi, vous appréhenderez déjà l’arrivée des gentils pompiers qui ne comprendront pas pourquoi c’est une demoiselle sans t-shirt qu’ils viendront libérer.

Le petit plus : la prochaine fois que vous boirez pour oublier, au moins vous saurez quoi oublier.

3. NE RIEN TENTER BOURRÉE DU TOUT, EN FAIT

Autant votre fantasme peut se dérouler comme dans le meilleur des mondes (à condition d’accepter de perdre dans la bataille un ou deux poils, j’ai nommé vos converses customisées oubliées dans l’ascenseur), autant l’après risque d'être laborieux.

Notamment quand vous arriverez tout sourire main dans la main devant votre porte d’appartement, vous énervant contre votre clef qui ne rentre plus dans la serrure, cette coquine, avant de vous retrouver nez à nez avec une vieille dame à bigoudis. Vous argumenterez, et à raison, qu’un 6 et un 9, ça se ressemble vachement, et que vous ne pouviez pas deviner que vous vous étiez trompée d’étage.

Le petit plus : de nouveaux contacts pour la fêtes des voisins, c’est toujours ça de pris !

4. REVOIR SES EXIGENCES À LA BAISSE

Ça y est, vous êtes enfin seule avec votre collègue, et ce dernier réagit plutôt positivement à vos regards langoureux ? En bonne adepte de rom-coms, vous vous attendez déjà à ce qu’il vous guide comme un pro (Christian Grey, sors de ce corps !), mais c’est maladroitement qu’il passera la main sous votre chemisier, tout en n’ayant de cesse de fixer la porte, inquiet.

Lorsqu’il se décidera enfin à baisser son pantalon, vous aurez à peine le temps de jeter un regard à son caleçon Hugo Boss que l’étage de votre réunion s’affichera et qu’il s’empressera de se rhabiller.

Dépitée, vous ferez semblant de ne pas remarquer en sortant qu’il vient de piétiner vos notes pour votre présentation orale.

Le petit plus : au moins, vous saurez que votre collègue porte des caleçons.

Si vous montez dans une cage en métal dans l’optique d’expérimenter le meilleur coup de votre vie, c’est évident, vous serez déçue. Mais l’ascenseur peut également être un lieu de découverte.

Aussi, je vous conseille d’y privilégier davantage les petits gestes inhabituels mais surprenants, ceux qui demandent peu de temps et que l’on a souvent tendance à négliger. Mordillez tout ce que vous pouvez, des lobes au cou en passant par les lèvres, susurrez vos fantasmes aux oreilles de votre partenaire, embrassez-vous comme vous le faisiez adolescents, sans brimer votre maladresse, posez sa main sur votre propre corps ou favorisez les eye-contact...

Tant de petits tips qui vous donneront envie de recommencer et feront de l’ascenseur votre jardin secret de prédilection !

Élise Marciniszyn