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Scènes de sexe et lézards géants : j’ai lu trois bouquins de Dino Porn

Alors que le monde se faisait à peine à l’idée que des mères de famille bien sous tout rapport pimentaient leurs soirées en s’échangeant des chapitres de 50 Nuances de Grey, Christie Sims et sa pote Alara Branwen, publiaient leurs propres chefs-d’œuvre, mélanges d'histoires de cul entre femmes des cavernes et monstres préhistoriques, accompagnés de cet avertissement :

« Attention. Ceci est une histoire de sexe bestiale. Cette histoire a été écrite pour libérer vos fantasmes les plus sombres et vos désirs les plus profonds. Ceci n’est pas destiné aux cœurs sensibles, et ça n’a rien à voir avec la littérature érotique de votre mère. »…

De quoi attiser la curiosité de tout un paquet de sites, qui ont consacré des articles plus ou moins longs au sujet, en 2013.

Mais après les avoir parcourus, une chose m’a sauté aux yeux : les journalistes citaient toujours les deux, trois mêmes extraits. Aucun d’entre eux n’avaient pris le temps de lire l’œuvre de cette potentielle Anaïs Nin 2.0, et quel dommage ...! J’ai donc décidé de corriger le tir et, dans la plus pure tradition du journalisme d’investigation, j’ai fait l’acquisition de trois nouvelles de « dinosaur erotica » — celles dont les titres étaient les plus intrigants —, histoire de découvrir enfin ce que valent vraiment les oeuvres de Christie Sims.

1. TAKEN BY THE T-REX

Celui-ci m’est apparu comme le classique du genre. J’ai tout de suite aimé la rythmique du titre, tout en allitérations. L’histoire se concentre sur Drin, une femme des cavernes aux « seins rebondis », dont tout le village a été détruit par un tyrannosaure. Drin échafaude une série de pièges pour se venger mais suite à une erreur technique, elle se retrouve à la merci du lézard. Comme tout adolescent qui se respecte, celui-ci n’a aucune envie de dévorer la jeune femme « à moitié nue » et l’utilise donc pour se branler. Drin est terrifiée, mais elle aime ça. Après plusieurs orgasmes, elle rejoint les survivants de sa tribu, bien décidée à trouver au plus vite un jeune chasseur pour la satisfaire.

Potentiel érotique 2/5 Il faut attendre beaucoup trop longtemps avant d’avoir droit à l’unique scène érotique de l’histoire, et celle-ci laisse le lecteur sur sa fin. On aurait aimé voir Drin trouver l’amour avec les siens.

Crédibilité 4/5 Passons sur le fait que les hommes cohabitent avec les dinosaures : on sait que c’est faux, mais on s’en tape, c’est tout l’intérêt des œuvres de Christie Sims. Personne n’aurait l’idée de reprocher à J.K. Rowling d’avoir fait cohabiter des sorciers et des ter des sorciers et des moldus ! En revanche, pourquoi Drin s’exprime-t-elle correctement alors que le pervers Grul se contente de baragouiner ?

Précision paléontologique 4/5 Contrairement aux réalisateurs de Jurassic World, Christie Sims a eu le courage de décrire des dinosaures à plume, ce qui mérite d’être souligné.

Qualité littéraire 2/5 La construction de personnages, l’intrigue et les descriptions ne sont clairement pas le point fort de cette œuvre…

TOTAL 12/20

Appréciation Idéal pour se lancer dans le Dinosaur Erotica, cet opus laissera les connaisseurs sur leur fin — et leur donnera envie de poursuivre leur recherche.

2. PREDATOR AND PREY

Soif de vengeance, histoire d’amour, douche de sang, sexe, chasse en groupe, rituel initiatique, fellation sur un lézard préhistorique… Christie Sims a réuni ici tous les ingrédients d’un bon « dinosaur erotica ». Une jeune chasseresse hors-pair part à la chasse avec Nantath, le jeune guerrier qui lui a fait découvrir l’amour. Piégée par l’un des velociraptors qui a tué son frère, elle le séduit et, après une scène d’amour torride de huit pages, lui tranche la gorge, encore mouillée de désir, mais satisfaite.

Potentiel érotique 4/5 Les scènes d’amour tendre de la première partie contrastent avec les autres œuvres de Christie Sims, et c’est tant mieux. Dans la seconde partie, elle retrouve ses habitudes en faisant enchaîner toute une série de positions à son héroïne et au fougueux dinosaure qu’elle vient de rencontrer, pour le plus grand plaisir de celle-ci. Huit pages de sexe…Littéralement bestial.

Crédibilité 5/5 Aaah... l’époque merveilleuse où les tâches étaient équitablement réparties entre les sexes, où une bonne épouse pouvait dans la même journée satisfaire son mari, cuisiner, gagner un concours de tir à l’arc, sucer un velociraptor et lui trancher la gorge avant de rentrer au camp, victorieuse et épanouie … On a envie d’y croire ...

Précision paléontologique 0,5/5 Attention, je m’apprête à détruire tout l’édifice erotico-bestial de Christie Sims, en quelques mots à peine : les dinosaures n’avaient sans doute pas de pénis ! Revivez les scènes finales en changeant les nombreuses occurrences de « cock » et « shaft » par « cloaque » : vous verrez que ça change pas mal de choses.

Qualité littéraire 3/5 Lors de la première rencontre de la narratrice avec Nantath, le beau jeune homme des cavernes, son nom est orthographié « Nathan ». Horreur : en même tant qu’on découvre que Christie Sims se contente d’inverser quelques lettres pour nommer ses bellâtres préhistoriques, on quitte la moiteur d’un sous-bois du crétacée pour les bancs d’une fac de seconde zone du Texas… Tue l’amour garanti.

TOTAL 12,5/20

Appréciation Malgré son début prometteur, Predator and Prey n’évite pas les écueils qui semblent propres au genre. Ecrit plus tardivement que les autres, il ne semble pas avoir bénéficié du même niveau de relecture, ce qui pourra gêner les lecteurs tatillons.

3. RAVISHED BY THE TRICERATOPS

J’attendais beaucoup de celui-ci, parce que le tricératops est de loin le plus cool des dinosaures. Je me demandais aussi comment Christie Sims allait gérer le fait que, contrairement à ses précédents livres, elle avait choisi de mettre en scène un quadrupède— adieu, anthropomorphisme. Beliria est belle, Beliria aime le sexe, Beliria est fière. Dans sa tribu, le rite d’initiation consiste à chasser un animal de son choix. Elle décide d’impressionner tout le monde en optant pour un triceratops. Mais quand son plan échoue, elle se retrouve captive du dinosaure. Après une nuit d’amour douloureuse et torride, elle rejoint sa tribu.

Potentiel érotique 3/5 Dès les premières lignes, Christie Sims nous fait comprendre que son héroïne est une jeune femme décomplexée, une femme préhistorique moderne, qui n’a pas honte de son corps, qui aime le sexe et qui n’a pas peur de le dire. La preuve : après une séance de sexe sauvage avec le fils du chef et quelques péripéties, la jeune femme est extatique à l’idée de pouvoir faire rentrer l’énorme sexe du triceratops dans son vagin. Le lecteur, lui, est plutôt gêné...

Crédibilité 1/5 On souscrit volontiers au cliché éculé de la fille que tout le monde désire sauvagement, jusqu’à ce que sa beauté plastique fasse succomber un triceratops. Le dinosaure accueille la jeune femme qui a voulu le tuer façon Tintin au Tibet : sa compagne l’a quitté et il a besoin de compagnie. Mais Beliria est une femme libérée : elle fausse compagnie à son nouvel amant à la première occasion venue, pour retrouver sa tribu et ses sexes à taille humaine.

Précision paléontologique 2,5/5 À part le triceratops, aucun des animaux cités n’existent… Christie Sims est-elle vraiment une passionnée de paléontologie ? La question se pose… Surtout, en remplaçant la femelle dinosaure par une humaine, l’auteure évite d’aborder l’un des plus grands mystères de la sexologie paléontologique : si les tricératops se reproduisaient en levrette, comment faisaient-ils pour ne pas se blesser avec les cornes de leur partenaire ?

Qualité littéraire 5/5 Suivant la maxime de Hemingway selon laquelle il ne faut pas tout révéler au lecteur, l’auteure a sous-tendu tout son récit d’une subtile métaphore. Beliria couche avec le triceratops après l’avoir amputé d’une corne. Elle lui redonne toute sa virilité en faisant dresser son sexe, véritable « corne de substitution » et lave ainsi l’affront. Quant à son amant humain resté au camp, la tromperie de Beliria lui fait aussi gagner deux cornes — celles du cocu. Une fois son sexe dressé, il sera l’égal du Tricératops. Respect.

TOTAL 11,5/20

Appréciation

Voilà. Vous venez de lire ce qui est à ce jour la plus grande étude de littérature comparée de ce sous-genre en perte de vitesse qu’on appelle le « dinosaur erotica ». Comme le disait Chris Pratt, à première vue, ces histoires sont bizarrement excitantes. Mais passées les quelques secondes de surprise, impossible de ne pas être affligé par le niveau de ces livres. De la couverture à la dernière phrase, tout y est pourri jusqu’à l’os. Alors, la prochaine fois que j’entends parler de « dinosaur erotica », je pourrai répondre :

"Oui, je connais. Oui, j’en ai lu. Oui, moi aussi j’ai été étrangement titillé par ces rencontres interraciales sorties tout droit de l’esprit dégénéré d’un pervers lubrique qui s’est fait passer pour une étudiante texane. Et non, je ne t’accompagnerai pas à l’avant-première du prochain Jurassic World. Question dinosaures, j’ai assez donné."

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