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Pourquoi aime-t-on les gens toxiques ?

« On dit qu’on fait du mal à ceux qu’on aime ; on oublie de dire qu’on aime ceux qui nous font du mal ». Cette citation est tirée du film Fight Club, fable apocalyptique où des âmes perdues n’arrivent pas à se rencontrer, condamnées à l’ignorance mutuelle ou à la collision brutale.

On sent cette attirance envers la mauvaise personne presque sans y prendre garde : un picotement ici, un message qui nous fait un peu trop plaisir. La route vers notre cœur est pourtant bardée de signes : « voie sans issue » « faites demi-tour ici » « propriété privée, ne pas entrer » : nos sentiments s’en moquent et la dévalent à toute allure sans y prêter la moindre attention.

Pourquoi peut-on être irrémédiablement attirés par les personnalités dites « toxiques ? » ce comportement, en apparence irrationnel, ne l’est pas tant que ça.

Il existe un lieu secret auquel seules les personnes « toxiques » semblent avoir accès : les montagnes russes de la passion. Des montées d’émotions, un regard perçant et des mains qui nous tiennent fermement les hanches, des descentes brutales et abyssales ou l’on attend un message qui ne vient pas. Le pire, c’est qu’au fond de nous on sait pour quoi on signe : un parc sauvage, impitoyable, orgasmique.

On ne peut pas dire que le personnel soit à nos petits soins, la fidélité n’étant pas toujours inclue dans le service, il faut parfois même faire la queue avant de monter dans certaines attractions…

Le problème, c’est que le parc vient avec son lot de frissons mais aussi de déceptions. Au bout d’un moment, peut s’apercevoir que si les machines tournent mal c’est parce qu’elles carburent à l’essence de nos blessures, la peinture s’écaille et les normes de sécurité de sont pas toujours respectées. Et peu importe combien d’anciens visiteurs l’ont mal noté, on sera toujours convaincu que notre expérience sera différente tant qu’on ne l’aura pas vécue.

Ainsi, ce qui nous attire chez ces personnes et les tourments délicieux qu’elles peuvent nous procurer, ce n’est pas tant leur caractère toxique, qui est en fait repoussant, mais les émotions passionnées que l’on vit avec elles. « Je préfère le mal que tu me fais au bien que me font les autres », résumait George Sand dans une lettre adressée à Alfred de Musset.

La folie sans tourments

En apprenant de nos anciennes relations, en soignant avec douceur et bienveillance nos propres traits toxiques qui pouvaient attirer ceux des autres, on commence à se hisser en haut du mat, nous avons une vue globale sur les différents parcs au lieu d’être ballotés d’attractions en attractions. Vouloir une histoire intense, ce n’est pas se résigner à un parc familial à l’atmosphère ennuyante et sans surprises. C’est trouver les mêmes émotions chez une personne qui nous tirera vers le haut. La pomme d’amour sans calories.

La folie que nous recherchons tous, heureusement, n’est pas consubstantielle aux traits toxiques de ceux qui l’incarnent au premier abord. Trouver un billet d’avion pour le jour même sous son oreiller, danser sous la pluie au milieu des pavés, sentir une main se poser sur nous les yeux bandés, il y autant de manière de la faire vivre qu’il y a de désirs, de manière saine et sécurisée.

Réfléchir à d’anciennes relations toxiques peut être le moyen de savoir ce qui nous y a malgré tout attiré, quel frisson nous attendons mais cette fois avec la bonne personne. Une personne qui sera saine pour nous et saura faire surgir le meilleur de nous-même. Et qui sait, nous sommes parfois à un clic de la rencontrer.

Par Jean Dizian | @Lunesnoires