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Poètes et poétesses, ces petits coquins

À l’occasion du Printemps des Poètes, j’ai eu envie de vous parler de poésie. Non, mieux. J’ai eu envie de vous parler de ceux qui l’écrivent, la créent, la transpirent.

Parce que je me rends compte que souvent, les gens ont une image plutôt biaisée des poètes, comme si le genre dans lequel on écrit, définit notre personnalité. Un poète se devrait d’être doux, en tout temps et en toute circonstance, et d’être triste aussi, car c’est bien connu, un poète heureux n’a rien à dire. Il faudrait aussi qu’il s’exprime uniquement avec de jolis mots, de préférence ceux que personne ne connaît et qui comptent triple au Scrabble, et surtout, qu’il soit romantique, fleur bleue, jamais cochon et encore moins vulgaire.

Qu’à cela ne tienne, cet article est pour vous dévoiler la vraie vie de quelques vrais poètes et poétesses, afin de vous montrer que oui, eux aussi peuvent dire merde, puta*** et bordel, mais que surtout, au-delà des jolis vers, ce sont de vrais petits fripons.

  • Rimbaud & Verlaine : ivresse et tumultes

Tout commence par un échange épistolaire, des lettres qui vont et viennent pendant des mois, jusqu’à ce que Verlaine se décide à inviter le jeune Rimbaud à Paris, pour l’initier aux mondanités et l’introduire dans son cercle très prisé de poètes. Cette visite sera aussi l’occasion pour Rimbaud de rencontrer pour la toute première fois l’épouse de Verlaine, qui ne voit pas d’un bon œil le rapprochement des deux artistes.

Finalement, c’est le jeune poète qui redonnera à Verlaine ce qu’il avait perdu et cherchait ardemment : l’étincelle, l’inspiration. L’amitié entre les deux hommes se transforme très vite en une relation charnelle, et Verlaine quitte alors femme et enfants pour s’enfuir en Belgique avec son jeune amant.

Mais la femme de Verlaine ne le voit pas de cette manière. Elle se battra pour récupérer son mari et l’attendra longtemps. De son côté, constamment tiraillé entre sa passion pour Rimbaud et son amour pour sa femme, Verlaine se perd…

Les disputes du couple sont connues pour être explosives, mais un soir, la situation dérape. Rimbaud annonce à Verlaine qu’il le quitte pour retourner à Paris, et ce dernier qui avait récemment acquis un revolver lui tire deux fois dessus en criant : « Voilà pour toi, puisque tu pars ! »

Rimbaud est blessé au bras et Verlaine écope de deux années de prison. L’histoire d’amour se termine là. Rimbaud enverra une note en prison à Verlaine, un simple « Sans rancune », tandis que ce dernier écrira durant cette période, ses plus beaux poèmes.

  • L’amour secret d’Emily Dickinson

Même si aujourd’hui Emily Dickinson est considérée comme une des poétesses majeures aux États-Unis, il faut savoir que la quasi-majorité de son œuvre a été révélée par sa sœur Lavinia, après la mort d’Emily. Discrète, la poétesse se refusait à répandre sa vie privée et son intimité au grand jour.

C’est donc après la mort d’Emily Dickinson que l’on découvre dans des poèmes et des lettres, un amour immense pour une personne dont elle tait le nom, mais avec qui elle affirme ne jamais pouvoir se marier. En réalité, son amour secret est pour Susan Gilbert, amie de longue date et épouse de son frère, qu’elle aime d’un amour sans pareil et réciproquement. En plus des moments passés ensemble, les deux femmes entretiennent une correspondance qui s’étale sur plusieurs centaines de lettres.

Jamais révélée à la lumière du jour, la relation entre les deux femmes restera un mystère sauf pour elles-mêmes. Dickinson finira par tomber amoureuse du juge Otis Lord en 1877, et décédera deux ans après lui, en 1886 alors qu’elle à 55 ans.

  • Sand et Musset : Les lettres enflammées

Ici encore, tout commence par une rencontre, un dîner dans les sphères de la littérature, puis une correspondance à la fois tendre et tumultueuse, romantique et même parfois… salace. Ces deux-là, et c’est peu dire, ils se sont aimés passionnément, et se sont détestés tout autant.

Cet échange épistolaire, considéré aujourd’hui comme une véritable œuvre littéraire se constitue de lettres et de poèmes, où les deux artistes se livrent tour à tour sur leur ardent désir. Fines plumes, ils s’aventurent même à glisser entre les lignes quelques messages cryptés.

Exemple avec ces lettres en acrostiches :

Lettre d’Alfred de Musset à Georges Sand :

Quand je jure à vos pieds un éternel hommage Voulez-vous qu’inconscient je change de langage Vous avez su captiver les sentiments d’un cœur Que pour adorer forma le créateur. Je vous aime et ma plume en délire. Couche sur le papier ce que je n’ose en dire. Avec soin, de mes lignes, lisez les premiers mots Vous saurez quel remède apporter à mes maux.

Réponse de George Sand à Musset :

Cette insigne faveur que votre cœur réclame Nuit à ma renommée et répugne mon âme.

Par Britany Lefebvre | @Indécence_et_Déraison

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