
Peut-on mal aimer ?
Oui, c’est bizarre comme question.
Mais c’est une vraie question, et je pense, un vrai sujet. Il n’y a pas longtemps, j’ai publié un post sur Instagram qui était :
- Je t’aimais fort. - Oui. Mais tu m’aimais mal.
Et contre toute attente, ce post a fait débat.
Plusieurs personnes se sont insurgées (bon, comme d’hab, j’exagère un peu, mais tu vois l’idée), avançant l’argument que l’amour étant un sentiment positif, il ne peut y avoir de « mauvais amour ». Je mets « mauvais amour » entre guillemets, parce qu’effectivement, cette histoire est plus complexe que le simple fait de définir ce qui serait une bonne manière d’aimer quelqu’un, et une mauvaise manière de le faire.
C’est complexe, déjà parce que chaque histoire d’amour est unique, mais aussi et surtout parce que l’amour est sans aucun doute le sentiment le plus complexe au monde.
Ce n’est pas pour rien qu’on en fait des poèmes, des livres, des chansons et des films depuis plus de 2000 ans, mais qu’on n’y a toujours rien compris.
Ou pas.
Ou presque.
Bref.
L’idée ici n’est pas de démontrer que ces personnes ont tort. Peut-être effectivement, et je leur souhaite, n’ont-elles jamais rencontré quelqu’un qui les a mal aimés, ou n’ont-elles elles-mêmes, jamais mal aimé personne. C’est drôle, en l’écrivant je me réalise à quel point mal aimer ressemble à malmener.
Et finalement, je pourrais m’arrêter là, cette comparaison suffit à étayer mon propos.
Mais parce que je suis pipelette et que je vous sais curieux, je vais continuer un peu. À la base, j’avais écrit ces deux lignes en repensant à une ancienne histoire d’amour (spéciale cassedédi). Le genre d’histoire qui te laisse sur le carreau, et surtout sur le carrelage, pendant quelques années. 4 en l’occurrence.
Alors oui, pour sûre, on s’aimait fort. Très fort même. Mais oui aussi (je vous l’assure), on s’aimait mal. Et on s’est fait mal, très mal. Mutuellement. De cette relation, personne n’en est ressorti gagnant. Enfin si, mais après avoir pris beaucoup de recul et fait un gros travail sur soi.
Vous savez ces amours de jeunesse qui nous frappent à tout âge, ceux qui nous font pousser des ailes et nous sentir forts, si forts que l’on a l’impression d’avoir tout compris et plus rien à apprendre. On regarde les autres couples comme des aigles survoleraient une bande de vulgaires pigeons, avec dédain et arrogance. Nous, on n’est pas comme eux. Mais si notre amour brille en société et que tout va bien en apparence, à l’intérieur la passion nous consume et nos erreurs, à force, par trop d’ego, dessinent des failles et des fractures. On s’aime si fort que l’on ne sait se le dire. On ne s’aime pas pour le plaisir de s’aimer, on s’aime pour se réparer. On comble par l’autre nos manques, par sa présence nos peurs, par son amour, nos vides. Mais rien n’y fait, rien n’est assez. Les gestes du quotidien et les mots simples ne sont pas pour nous. À eux, on préfère de loin les étincelles, les effusions, les déchirures. Tout, est préférable à l’indifférence. Le calme c’est comme le néant, le rien, le vide. Encore ce vide. Toujours ce vide.
Mais à trop pousser, on se renverse, et un beau jour l’amour s’inverse.
Alors oui, peut-être que l’amour est toujours positif parce qu’il est amour et provient d’une belle attention. Mais aimer l’autre pour se combler soi et pour se réparer, ce n’est pas aimer l’autre, ou en tout cas, pas pour ce qu’il est. Et alors, inévitablement, ça ne peut pas fonctionner.
Je vous laisse méditer là-dessus.
Ou pas.
Par Britany Lefebvre | @Indécence_et_Déraison