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Lettre à l'Homme de ma vie

Cher vous,

Une nuit, j’ai rêvé de vous. J’avais votre visage en face de moi et vous m’aimiez. Cette nuit-là m’a rendue très triste car au réveil vous n’existiez pas. Alors pour vous faire exister vraiment, j’ai décidé de vous écrire une lettre. Après l’avoir écrite, je la lirai à voix haute comme un vœu.

Cher vous, et pas cher tu, c’est commun et singulier. Le vous est pluriel, ce qui fait déjà un peu moins de je et plus de nous. On ne se connaît pas encore et je sais déjà que je vais vous aimer comme dans ce rêve : passionnément, sexuellement, démesurément. A l’heure actuelle, ma vie est ponctuée de prénoms d’ennui. Je ne leur en veux pas, ils font partie du jeu et donc du tu. On ne goûte pas à l’amour savant sans s’être un peu abîmé avant, et disons que les esquisses du rendu que l’on souhaite abîment toujours. Mais laissez-moi vous dire une chose qui, hélas, m’ennuie davantage : nos chagrins d’amour nous incombent. Ils glissent sous notre peau et y plantent des dents. La frustration nous rend aigris et le chagrin, odieux. Par avance donc, je vous prie de bien vouloir m’excuser si, dès notre première rencontre, je venais à vous mordre. Je voudrais que ma peau soit pour vous de la soie. Vous laisser l’embrasser sans qu’elle ne vous fasse du mal et, qu’elle vous apaise le cœur, qui, sans doute, est/sera probablement aussi bancal que le mien car, je le sais, vous ne me voudrez aucun mal, au contraire, la tendresse mesurée de vos gestes deviendra mon lit quand vient le soir.

Cela étant dit, il faut quand même que je vous dise un secret honteux : je vous ai rêvé partout, tout le temps et ce, depuis petite fille. D’abord dans les films de Jacques Demy, puis dans les Choristes (Solange fut à mon cœur d’enfant le début d’un espoir sans fin) et sans les nommer, vous étiez toujours un peu là dans chaque série, chaque film, chaque roman, tous les romans même. Chaque personnage comprenait un morceau de vous et si je devais vous écrire, aucun personnage de film ni de roman ne serait plus attirant que vous. Je me rendrais alors toute seule jalouse d’offrir au monde ce que j’ai toujours voulu.

Cher vous, je vous écrirai quand nous serons vieux, donc. Avant, je veux profiter du goût différent de votre bouche chaque jour. Je veux fondre dans cette bouche. Plus tard alors, je l’écrirai, car cette bouche sera devenue mienne. Vous le voyez. Le désir que j’ai déjà pour vous est indécent et décime tous ces hommes qui me désirent alors même qu’ils existent. Car, je sais que vous m’aimerez comme j’ai toujours désiré qu’on le fasse : sans s’étouffer ni suffoquer. L’amour, c’est vivre sa vie dans celle de l’autre, sans trahir la nôtre. A ce propos, je n’ai d’ailleurs jamais compris pourquoi mes précédentes amours m’ont souvent si mal aimée. Je veux dire, certains étaient supers, mais ceux-là, je m’en lassai. Quant à ceux qui fautaient, je pense être facile à vivre, assez espiègle et malgré mon sale caractère que je tempère, il est naturel pour moi de donner toujours sans compter. Aussi, j’ai travaillé sur moi, seule comme une grande, car on apprend très tôt que personne ne le fera à notre place. Je m’offre très rarement dès le premier soir et il est évident que plus une personne attend que je me dévoile à elle, plus le mérite de m’avoir attendue est récompensé. Enfin, ils n’étaient pas vous.

Je vous attends partout. Je vous attends tout le temps. Je ferai mon vœu en refermant cette lettre et peut-être qu’enfin cette nuit, vous réapparaîtrez et alors je vous tutoierai.

Par @ladelicatessedesmots 

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