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Les plus beaux poèmes d'amour à lire et relire

Il fait nuit, le silence règne et pourtant le rythme accéléré de votre cœur mêlé à la confusion de vos sentiments vous empêche de dormir. Assis.e à votre bureau, muni.e de votre stylo plume, vous cherchez à aimer avec les mots. Vous vous surprenez à faire coller des images sur ce que vous ressentez au plus profond de vous pour mieux vous les décrire, pour mieux vous les figurer. Pour vous donner de l’inspiration, vous vous dîtes que cette bouteille de rosé restée au frigo pourrait vous aider... A la place, enivrez-vous plutôt de ces 5 poèmes, chefs d’œuvres de la littérature française. Promis, contrairement au rosé, ils ne vous donneront pas de migraine demain matin et qui sait, vous permettront-ils de mieux coucher votre amour sur le papier.

 

La nuit et la muse

Qui mieux que Robert Desnos fait de la nuit un espace merveilleux et mystique empli par la femme qui l’obsède ? Le poète rêve éveillé à son amour qu’il voit dans toutes les choses qui l’entourent mais qui lui reste insaisissable.

Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles du monde et la grandeur et le tragique et le charme. Les forêts s’y heurtent confusément avec des créatures de légende cachées dans les fourrés. Il y a toi. (...) Dans la nuit passent les trains et les bateaux et le mirage des pays où il fait jour. Les derniers souffles du crépuscule et les premiers frissons de l’aube. Il y a toi. (...) Dans la nuit, il y a les étoiles et le mouvement ténébreux de la mer, des fleuves, des forêts, des villes, des herbes, des poumons de millions et millions d’êtres. Dans la nuit il y a les merveilles du monde. Dans la nuit il n’y a pas d’anges gardiens mais il y a le sommeil. Dans la nuit il y a toi. Dans le jour aussi.

« Espaces du Sommeil », A la mystérieuse - Robert Desnos, XXème siècle. Lire le poème en entier.
 

Les paradoxes de l’amour

Dans un autre style et dans une toute autre époque, puisque rédigé au XVIème siècle, ce poème de Louise Labé nous montre bien que depuis bien longtemps l’Amour ne cesse de nous tourmenter, de jouer avec nos nerfs et nos cœurs : joie, tristesse, plaisir, douleur, rire et pleurs. On est tous.tes passés par là :

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ; J’ai chaud extrême en endurant froidure : La vie m’est et trop molle et trop dure. J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie, Et en plaisir maint grief tourment j’endure ; Mon bien s’en va, et à jamais il dure ; Tout en un coup je sèche et je verdoie.

Ainsi Amour inconstamment me mène ; Et, quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis, quand je crois ma joie être certaine, Et être au haut de mon désiré heur, Il me remet en mon premier malheur.

« Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie », Sonnets - Louise Labé, XVIe siècle
 

Au lit pour l’éternité

On aurait tous.tes besoin de recevoir les poèmes d’amour d’un Louis Aragon contemporain qui aurait le courage de nous livrer entièrement son amour à travers un poème. Un lit, un drap et deux cœurs qui battent pour l’éternité, que demander de plus ?

Que ce soit dimanche ou lundi Soir ou matin minuit midi Dans l'enfer ou le paradis Les amours aux amours ressemblent C'était hier que je t'ai dit Nous dormirons ensemble

C'était hier et c'est demain Je n'ai plus que toi de chemin J'ai mis mon cœur entre tes mains Avec le tien comme il va l'amble Tout ce qu'il a de temps humain Nous dormirons ensemble

Mon amour ce qui fut sera Le ciel est sur nous comme un drap J'ai refermé sur toi mes bras Et tant je t'aime que j'en tremble Aussi longtemps que tu voudras Nous dormirons ensemble.

« Nous dormirons ensemble », Le fou d’Elsa – Louis Aragon, 1963
 

L’amour jusqu’à la mort

Un duel à la triste issue déjà connue... Marguerite Yourcenar fait s’affronter dans ce poème, l’éphémérité de nos existences et l’inéluctable éternité de tout ce qui nous dépasse : la nature, l’univers et l’amour, trois entités aux pouvoirs et à l’étendue infinis.

Le verger des cyprès a pour fruits les étoiles, Balancés lentement au fond des nuits d’été ; La vie, unique et nue à travers ses cent voiles, Pour la répandre en tout reprend votre beauté. Votre amour, mon amour, notre cœur et nos moelles, Seront diversement après avoir été ; Et, comme une araignée élargissant ses toiles, L’univers monstrueux tisse l’éternité. Le flot sans lendemain nous laisse et nous emporte. Nous passons endormis sous une immense porte ; Nous nous perdons en tout pour tout y retrouver ; Mais les lèvres des cœurs restent inassouvies ; Et l’amour et l’espoir s’efforcent de rêver Que le soleil des morts fait mûrir d’autres vies.

« Le verger des cyprès », Les Charités d’Alcippe – Marguerite Yourcenar, 1929-1963
 

Surréaliste amoureux

Si vous êtes en quête de plus d’originalité encore, l’écriture automatique d’André Breton ne vous décevra pas. Le concept de cette écriture est de rédiger tous les mots qui nous passent par la tête de manière presque inconsciente, sans forcément prêter attention au sens des phrases. L’effet en est forcément déroutant mais terriblement saisissant.

Je t’aime à la face des mers Rouge comme l’œuf quand il est vert Tu me transportes dans une clairière Douce aux mains comme une caille Tu m’appuies sur le ventre de la femme Comme contre un olivier de nacre Tu me donnes l’équilibre Tu me couches Par rapport au fait d’avoir vécu Avant et après Sous mes paupières de caoutchouc

« Tiki » - André Breton, XXème siècle

Grâce à cette sélection de poèmes à lire et à relire sans modération - contrairement à votre bouteille de rosé qui se boit avec - des images et des façons nouvelles de dire « je t’aime » ont fait surface. Rasséréné.e, apaisé.e, vous délaissez finalement votre stylo plume que vous jugez trop old-school pour, au choix, chuchoter à l’oreille ou taper sur le clavier de votre téléphone, une panoplie de mots doux à votre être aimé.

 

A. P.

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