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Le premier verre

Il est arrivé sur la table. Le verre, pas le serveur. Il m'a dit qu'il était offert. Pas par lui, dommage, pas faute d'être une habituée, mais par un autre assis au fond du bar. Apparemment, je lui ai tapé dans l'œil. Au serveur aussi, mais il n’a pas été le plus rapide, pour cette fois-ci.

C'est donc ça le premier verre ? Celui qui se dépose comme par enchantement sur la table quand vous êtes dans vos rêves et que rien ne passe dans votre espace. C'est flatteur, enchanteur de plaire à quelqu'un et de recevoir un cadeau quand on ne demande rien. Je le regarde, il sourit. Je rougis, il apprécie apparemment, au soulèvement que dessine son arcade. Je ne bouge pas, je suis saisie. Il incline la tête comme pour me saluer et s’inviter peut-être, dans un regard tacite qui n’attend que de me voir de plus près. Je souris pour affirmer mon envie, alors il se lève et s'avance pour s'asseoir juste en face de moi. Il est beau, ses pommettes saillantes, ses dents blanches ne sont pas en reste et ses cheveux bruns, son regard bleu me perturbent presque. Le bruit des verres tinte à mes oreilles et me sort de ma pensée. Il trinque à notre santé, alors je lève mon verre pour participer. Il dit juste : “À nous.”. Et nous trinquons. Le regard comme seul parloir.

À nous. Qu’est-ce que ça signifie quand on ne sait pas si on va dire “vous”, “je” ou “tu”. C’est fou, ça commence par l’union du “on” sans avoir même entendu de prénom, sans savoir s’il maîtrise les verbes de conjugaison. Mais, il semble sûr de lui, comme pour me dire, je suis là, je ne vais pas fuir et tu verras, on va en faire des tours d’horizon. Je vais t’emmener manger des pizzas en Italie et découvrir le Japon, te regarder te baigner à Bali, admirer les couchers de soleil du Maroc, conduire le long de la Côte Ouest des États-Unis et tu ne te rappelleras presque plus l’effet que ça fait de voyager sans moi. On aura, un jour, une grande maison près de la mer et on ira tous les étés et quelques fois en hiver. On aura un bel appartement et tu le décoreras avec soin, car tu sais comment composer dans chaque pièce pour qu’on s’y sente bien.

Tu seras toujours belle et j’aimerai toujours tes longs cheveux, tes yeux verts et ton sourire qui suffit à être heureux. Je te ferai toujours l’amour avec passion, avec l’envie de t’avoir juste à moi et pouvoir ressentir ton parfum, ce parfum unique en ton sein, et l’humidité de ta bouche, et la ferveur de tes reins qui resteront toujours ma plus belle couche. On aura peut-être des enfants, si tu en veux. Et si tu en veux, ils seront, j’en suis sûr, beaux à se damner. Avec une mère pareille et un père plutôt pas mal sans vouloir me la raconter, je suis certain qu’ils feront des ravages au lycée. Qu’est-ce que tu en penses maintenant qu’on vient de trinquer ?

Je suis déconcertée, mais je dois admettre que le programme me plaît. Après deux mots, je suis conquise et prête à continuer. Continuer, tu le fais très bien, je vois que tu me courtises juste avec les quelques mots que tu comptes bientôt rajouter. D’abord, tu prends ma main et pose ta paume contre la mienne. La tienne est un peu plus grande. On les observe tandis que ce premier contact semble aimanter nos atomes qui viennent juste de se rencontrer. Et d’une voix grave, tu proposes : “Tu veux un dernier verre ? Il y a un très bon vin blanc. Le plus cher de la carte, je te l’accorde, mais il faut toujours choisir le meilleur pour soi dans la vie.” Je ris. Je veux un dernier verre. Le dernier, mais juste pour ce soir, je pense que nous l’avons compris.

Par @plaquemoisurtonmur

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