Le deuil des ghosts
On a tous, ou presque, déjà été victimes de ghosting. On rencontre quelqu'un, tout se passe à merveille et du jour au lendemain : Il ou elle disparaît. Sans explications et sans traces.
Parfois, nous savons que nous avons une part de responsabilités : nous nous sommes agacés, avons dit un mot de travers. Peu importe la raison, tant qu’il y en a une à laquelle se raccrocher.
Et puis, il existe ces ghosts qui nous laissent dans le flou. Un rendez-vous merveilleux avec une personne géniale, curieuse et douce. Elle a les mêmes valeurs que nous, pense la communication primordiale. Elle nous écoute, nous rend important. Elle nous embrasse les lèvres et le cœur.
Nous parlons sans arrêt et il ou elle veut nous revoir lundi.
Mais lundi est silencieux. Lundi nous lâche des vues. Lundi est gris et morne. Lundi est une rupture quand bien même nous n’étions pas ensemble. Lundi estropie notre confiance. Lundi nous ghost et ne se pointe pas au rendez-vous.
Le ghosting est en cela très violent. Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? On relit nos conversations à la quête d’une réponse. Tout allait au mieux dans le meilleur des mondes. Que s'est-il passé ?
Qui a pu dire du mal de moi dans mon dos ? On cherche sur les réseaux des connaissances en commun, les ennemis, les amis, on repense aux potins. Est-ce qu’il est mort ? Non, il est bien vivant, actif sur tous les réseaux qu’on n'avait pas en commun. Est-ce que c’est moi ? Ce doit être moi. Et je ne sais pas pourquoi.
J’ai dû faire une erreur mais je ne la connais pas et risque donc de la reproduire ? J’ai dû faire une erreur mais je ne la connais pas et je ne saurai jamais pourquoi mon coup de cœur vient de me le briser.
Le ghosting, c’est l’enfant en nous qui se fait rejeter de la table des copains à la cantine. C’est l’ado en nous qui n’est pas invité à l’anniversaire auquel toute la classe s’éclate. C’est le collégien en nous qui n’est pas choisi en cours de sport. C’est nos vieux traumas et la peur de l’abandon qui frappent à la porte et s'invitent à boire le thé. Un thérrifiant.
Haut les cœurs ! Ce n’est pas la fin du monde. (Promis.) Voici ce qu’il faut garder en tête :
Une personne qui nous ghost nous rend service : Nous voulons une relation avec un vivant, de chair, d’os, de projets, d’envies, de rires et de bêtises. Personne ne cherche à sortir avec Casper.
Une personne qui nous ghost sans aucune raison se montre lâche. Nous cherchons quelqu’un qui a les épaules pour gérer les problèmes, les obstacles, les conflits. Une personne qui communique.
Une personne qui nous ghost recommencera certainement. Nous aurons mal souvent.
Une personne qui nous ghost ne tenait pas assez à nous. C’est douloureux mais le savoir, c’est tant mieux. On veut être avec quelqu’un qui nous aime et qui veut faire partie de notre vie.
Une personne qui nous ghost n’allait pas bien, peut-être. Ce n’est pas de sa faute, pas non plus de la nôtre. Nous aurions aimé l’aider mais on ne force pas quelqu’un à se confier. Elle a besoin de temps pour elle. Cette hypothèse nous rappelle que nous ne sommes pas forcément le problème. Le ghosting ne remet pas en question nos valeurs, ni nos qualités.
Il y a quelque part une personne qui n’attend que nous.
Une personne qui te ghost ne doit pas faire de ton cœur un cimetière. Ne porte pas son deuil et n’oublie pas la leçon que chaque mort, même symbolique, nous transmet : Nous sommes éperdument vivants et il y aura, bientôt, d’autres matins d’été.
Par @lalanguependue
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