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L'amour sain au cinéma

Pour définir l’amour absolu, l’Abbé Pierre a dit « Qu’est-ce qu’aimer ? Aimer, c’est quand tu souffres, toi, l’autre, ça me fait mal. Et toutes mes forces se lèvent pour nous guérir ensemble de ton mal qui est devenu le mien. C’est ça, aimer. » Paradoxalement, la représentation de la relation amoureuse dans l’art est souvent alambiquée, voire malsaine. Le cinéma en est la preuve. En effet, les films, dits « d’amour », ont cette fâcheuse tendance, dans leur ensemble, de glamouriser les relations toxiques, donnant, de fait, peu de place à la représentation de l’amour sain. Mais en existe-t-il donc quand même, et si oui, quels sont-ils ?

Quand Harry Rencontre Sally

C’est l’histoire d’un mauvais timing. Dans ce film culte des années 80, deux jeunes gens se rencontrent pour partager un long trajet en voiture. Harry tente de séduire Sally mais en vain. Cinq ans après, ils se recroisent par hasard. Chacun engagé dans une relation bancale, ils finissent par se faire larguer. C’est le chagrin qui les pousse à nouer une amitié très forte. Ils s’appellent régulièrement pour confier leurs peines, leurs ressentis et finissent par se voir de plus en plus, énormément. Aucun ne se fait la cour, et l’amour, sous couvert d’amitié, explose à l’écran tant il est pur. C’est une danse d’âmes. Un beau jour, tout dérape : les deux meilleurs amis couchent ensemble. A bien des égards, ce film est la représentation parfaite de l’amour sain. Les deux personnages se respectent et se conduisent l’un envers l’autre d’égal à égal. On sent, peu à peu, un amour absolu grandir entre eux, sans rivalité ni jugement, grâce au prisme de l’amitié qui les a d’abord réunis. C’est cette base amicale qui permet l’amour solide entre les deux êtres. Ils ont appris à se connaître dans le pire, et c’est dans le pire qu’ils se sont trouvés beaux. Un film grandiose par sa simplicité, à voir et à revoir pour les fêtes de Noël.

Pretty Woman

Ce classique, dont le sujet est fort, met non seulement l’amour sain en lumière, mais la pute et ce qu’elle représente dans la société. Julia Roberts, quasi déshumanisée par son métier à travers le regard des autres personnages tout au long du film, fait la rencontre d’un riche businessman dont l’intérêt pour elle dézingue l’archétype du client macho dominé par ses pulsions animales. Un jour, il la croise et décide de la ramener chez elle. Il la paye, non pas pour baiser et nourrir son plaisir sexuel, mais pour passer du temps avec elle et lui offrir une parenthèse enchanteresse dans son quotidien difficile. Il voit en elle l’humain, la femme et l’animal. Plus le film avance, plus on ressent ce désir de lui donner tout l’amour dont elle semble manquer et donc, d’une certaine manière, de la considérer et de l’élever à la hauteur de ce qu’elle mérite. Il voit en elle la beauté que les autres ne perçoivent pas et en fait son égal. Si vous ne l’avez pas déjà vu, regardez-le dès ce soir.

Désordres de Florence Foresti

Dans cette nouvelle série autobiographique réalisée et jouée par Florence Foresti, il y a une relation qui marque l’écran, celle qu’elle entretient avec Pascale. Dès le premier épisode, on découvre un drôle de personnage en train de bricoler et à moitié nu présent dans l’appartement de la comédienne, nous poussant alors au questionnement. Est-il son ex mari ? Son amant ? Son plan cul ? On ne sait pas et peut-être est-ce volontaire de la part de Florence Foresti car plus les épisodes passent, plus nous sommes égarés. Peu à peu, on réalise alors qu’il s’agit de son partenaire professionnel et ami fidèle. C’est le 7ème épisode qui m’a fait penser que la relation entre Pascale et Florence n’était pas si loufoque, mais finalement très belle. Dès qu’elle va mal, c’est lui qu’elle appelle. Il accourt alors, et nous découvrons un homme touchant et touché, qui reste aux côtés d’une femme dépressive, prêt à tout pour la sortir de son mal-être. Elle finit par lui demander de partir pour ne pas l’importuner, mais il refuse. En cela, il l’aime. Amicalement ou pas, et - d’ailleurs peu importe, il est là. Il veut prendre sa peine et la retirer d’elle. Cette amitié inconditionnelle qui forme en réalité un couple, donne envie d’aimer et d’être aimé. A voir de toute urgence !

Dans ces trois représentations cinématographiques, nous pouvons voir à chaque fois que les deux personnages restent fidèles à eux-mêmes sans avoir besoin de jouer un rôle pour être aimés. Ici, pas de chichi ni de danse hormonale pour appâter l’autre comme une proie, le déshumanisant ipso facto. Des êtres s’apprivoisent dans leurs hideuses dépouilles, nus et vrais. Et en s’apprivoisant dans le sale, ils découvrent qu’ils s’aiment. Les exemples que j’ai d’ailleurs choisis, sans même le faire exprès, prouvent chacun une chose : le coup de foudre n’est pas toujours synonyme de grands frissons. Ainsi donc, au diable le Moulin Rouge, Twilight, et toutes ces « comédies romantiques » où la relation est toxique sous couvert de passion, au diable ces films d’amour qui nous font croire que l’amour est complexe et douloureux. L’amour sain existe et l’art sait nous le montrer, à condition d’avoir envie de le regarder.

Par @ladelicatessedesmots

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