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La société et ses injonctions

Aujourd’hui les gens ne cessent de parler de la positivité comme le nouveau remède magique à n’importe quels maux sur Terre. Du body positive, à l’éducation bienveillante, en passant par la psychologie positive, la pensée positive, créatrice et j’en passe, j’ai personnellement l’impression parfois d’avoir atterri dans un espèce de Truman Show, où quoi qu’il puisse advenir, jamais ô grand jamais, notre langue ne doit fourcher.

Le bon côté de cette positivité à toute épreuve et que la parole concernant certains sujets importants, voire essentiels, a enfin pu se libérer. On accepte davantage de parler de ce qui a été, pour envisager un avenir différent et que l’on espère meilleur.

D’un autre côté, j’ai le sentiment qu’il devient de plus en plus difficile de s’y retrouver dans cette société qui pratique de plus en plus la langue de bois. Et ce, accompagné bien sûr d’un large sourire servant à dissimuler des pensées bien moins sympathiques.

Parce que oui, qu’on se le dise clairement, on a beau prôner le positivisme (ce mot est une abomination) de façade, dans notre tête rien n’a changé, les jugements vont bon train et n’attendent qu’une chose : que la porte soit fermée pour pouvoir enfin être exprimés.

Mais pire que les jugements exprimés ou non, c’est la pression que l’on se met à soi-même qui nous rend la vie dure, voire ingérable. Cette pression sociale traduite par l’injonction de devoir être la femme qui gère d’une main de maître sa vie professionnelle et sa vie de famille, tout en restant la super nana sexy et indépendante qu’elle était à 25 ans, avec une libido à vous épuiser une bande de gigolos. C’est cette injonction aussi de devoir être un homme 2.0, totalement à l’aise avec sa part féminine et sa sensibilité, qui ose parler sans trembler de sentiments et d’émotions tout en versant sa petite larme, mais qui attention, sait aussi réparer la chaudière, installer des étagères, tondre la pelouse et band** sur commande, parce que sinon ce n’est pas grave tu sais, alors qu’on sait tous qu’au fond ça l’est un peu quand même.

Bref, le pire dans toute cette positivité ambiante, c’est que l’on finit, nous, simple être-humain, par complexer de ne pas afficher une gueule de BN (ces petits biscuits en forme de sourire) H24 et par culpabiliser d’élever la voix quand notre enfant essaye de mettre son doigt dans les fesses du chat. Le fait de penser positif attire le positif, oui, mais n’oublions pas que même avec de jolies pensées, la vie n’est pas une boîte de chocolat Mon Chéri. Parfois, ça craint et c’est comme ça. Et parfois, voire souvent, c’est normal de ne pas parvenir à conjuguer parfaitement toutes les facettes de notre vie et de notre être en même temps.

Parce que oui, encore une fois, être un humain, ça craint. Et que crier un bon coup, ou dire MERDE et même PUT***, ça fait du bien. Et tant pis si dans notre tête on a insulté la veille qui nous a grugé à la caisse du supermarché ou celui qui a osé piquer le dernier cookie. Nos pensées ne sont peut-être pas 100 % positives ni bienveillantes, nous ne dormons pas dans la position du lotus et ne parlons pas le sanskrit couramment, mais vous savez quoi ? C’est tant mieux de ne pas être parfait. Croyez-moi, personne n’aurait envie de vivre dans un monde où les gens le seraient.

Par Britany Lefebvre | @Indécence_et_Déraison

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