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La pression de l'hypersexualisation sur les jeunes

Petite, je grandis dans un univers hypersexualisé où le porno est en pleine émergence, voire déjà complètement installé et de fait, banalisé. Après Mai 68, c’est la débandade. La liberté sexuelle entre dans les mœurs, au point de créer des monstres comme Matzneff. Quant à moi, mon cerveau d’enfant se construit sur des schémas sexuels erronés, en marge de la réalité. Mais je ne suis pas la seule. Tous les garçons et les filles de mon collège, ont, eux aussi accès aux mêmes représentations sexuelles que moi. Secrètement, il nous arrive de nous retrouver après l’école pour regarder ces images interdites et bloquées par le contrôle parental.

Les prémices d’une représentation sexuelle erronée

Dès l’âge de 12 ans, je me revois faire ma première fellation sans vergogne. Comme dans les films pornographiques, je me prépare à mimer ce que j’ai vu des centaines de fois, convaincue que le rapport sexuel se déroule exactement comme ceux que j’ai visionnés. À mon tour, je banalise ce cocktail de faux-semblants et de violence sans un soupçon de tendresse. Or, quand on est enfant et lors d’un premier préliminaire, personne ne vous prévient que la forme phallique à embrasser peut être une stupeur pour nous-mêmes. Théâtrale, on se surprend alors à masquer son inquiétude avec la moue assurée de celle qui trouve l’esthétisme du sexe de l’autre normal, mais la réalité est telle que nous sommes effrayées. Car au-delà de ce que nous impose la vue d’une première verge, il faut jouer la dame qui sait l’utiliser pour satisfaire son propriétaire, comme dans les films porno. Commence alors la désillusion.

La surconsommation sexuelle

Si les années 70 représentent la libération sexuelle dans l’Histoire, elles sont surtout un tremplin pour les années futures. Aujourd’hui, la sexualité est tellement libérée qu’elle peut devenir un poids. Et Internet n’a rien arrangé, au contraire. Tout le monde se prostitue sur Mym ou OnlyFan, des publicités pour s’inscrire sur des sites de rencontres extra-conjugales tapissent les murs de chaque ville. Le sexe est au centre de tout au point de s’immiscer insidieusement au sein de la monogamie. En somme, nous vivons dans une société qui prône le plaisir individuel, l’individualisme donc, accompagné de cette hypocrisie ambiante qui, si nous l’écoutons, encourage l’individu à prendre confiance en soi. L’égo domine le monde en lui demandant gentiment de ne pas avoir trop d’égo. Mais cette surreprésentation et cette surconsommation du sexe délivrent surtout une injonction qui relève pourtant d’un choix intime : vous qui allez mourir, goûtez-vous jusqu’au dernier, baisez tant que vous êtes en vie. Or, si l’intime devient public, comment développer sereinement son intimité, socle de l’épanouissement individuel ?

Pour conclure, il est essentiel de faire la dissociation entre société phallique qui nous engloutit et notre propre réalité. Primo : personne ne baise comme dans les films pornos. A noter que la performance sexuelle m’a toujours semblé meilleure quand j’allais bien dans ma tête et dans mon corps. Là seulement, j’ai su me dédoubler et voir une actrice porno faire du sale avec son partenaire. Secondo, personne n’accomplit une troisième érection d’affilée sans conséquence douloureuse. Tertio, personne ne mouille ni bande aussi facilement. Pour finir enfin, le sexe est une véritable source de plaisir quand il s’éloigne de la représentation sociale qu’on s’en est fait et c’est là que nait la confiance en soi.

Par @ladelicatessedesmots

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