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Je suis toxique, et vous aussi

Comment fait-on quand on a le cœur pur et les mains sales ?

Comment fait-on quand on a trahi et qu'on exige de ne pas l'être ? Quel goût a l'innocence d'un adulte ? Dès que l'innocence de l'enfance disparaît, c'est l'impureté du monde qui nous ouvre grand les bras. Nos expériences de vie nous construisent un deuxième moi par-dessus lequel nous avons grandi. Soit. Il est toutefois toujours étonnant de constater combien nous sommes si facilement juges de l'autre et si peu de soi.

C'est la notion de toxicité qui m'intéresse ici. Un terme à la mode. « Toxique », « Red flag ambulant », « No go » et j'en passe font désormais partie du vocabulaire amoureux moderne pour déterminer si la personne en face est à la hauteur de nos attentes. Mais si nous étions finalement tous toxiques ?

La toxicité est la capacité qu'a une substance à provoquer un effet nocif, délétère sur l'organisme ou sur un organe, agissant de fait comme un poison. Dans le langage commun relatif aux relations humaines ou plus spécifiquement amoureuses, la toxicité est un comportement répétitif, un trait de caractère problématique qui agit de façon néfaste sur l'autre. La toxicité, c’est une blessure du passé qui a forgé en nous une attitude de défense souvent peu sympathique.

Dans la liste gargantuesque de comportements dits « toxiques », nous pouvons citer quelques exemples :  

- Avoir un penchant prononcé pour les personnes qui nous font du mal  

- Avoir une tendance autodestructrice (substance ou autre)  

- Être incapable de se responsabiliser pour des choses importantes  

- Être jaloux maladif  

- Être obsédé par l’idée de voir l’autre tomber amoureux sans parvenir pourtant à l’aimer  

S’il est aisé de pointer du doigt l’autre quant à ses défauts au point de l’accuser d’être toxique à l’image d’un poison, il est plus difficile d’admettre que chacun de nous possède en son sein une part de toxicité. Selon le prisme d’une personne ou d’une autre, ma toxicité est donc variable. Mais pourquoi serions-nous toxiques comparés à cet être dont le comportement se rapproche plus d’un rat pervers que d’un humain blessé ?

Puisque je suis la somme de mes expériences passées plus ou moins traumatisantes, une mécanique indélébile s’est ancrée en moi faisant de mes insécurités des « red flags ». Si je suis humaine, je suis imparfaite et si je suis imparfaite, il peut m’arriver d’être toxique. De fait, puisque chaque être humain vit des expériences en étant confronté à l’autre depuis sa naissance, il paraît évident qu’aucun être humain sur terre ne soit entièrement sain.

Parfois je me regarde et je ne sais pas si je voudrais être amoureuse de moi. Je suis pleine de mécaniques dégueulasses. Comme si je pourrissais de l’intérieur malgré le ménage. Les tares sont là, elles sont bien là et font un pied de nez à mon esprit qui se veut sain. Je sais par ailleurs que si je ne possédais pas ces cassures et ces vices, je ne serais pas moi. Je tends vers la perfection de mon être (futur) mais c’est l’imperfection (passé) qui tient les fils. Je suis un oxymore sur pattes. Entre désir d’être et fatalité d’être déjà.

Notre passé, proche ou lointain, nous construit un visage, et d’une certaine façon détermine notre rapport à l’autre. Notre passé nous empêche d’être libres de devenir ce que nous fantasmons pour nous-mêmes. Je pense pourtant qu’il est possible de modeler certaines choses sans tout à fait les supprimer (la lobotomisation ne fonctionnant toujours pas). Si je fais mal à l’autre par le simple fait d’être, je vais améliorer mon être parce que mon empathie sonne l’alarme. Je pense aussi que certaines rencontres, certaines personnes, très rares, nous réconcilient avec nos red flags au point de les aimer et de les amoindrir.

Je vous souhaite des rencontres amoureuses qui vous conduisent à un meilleur moi, sans jamais oublier le moi.

Se regarder soi avant de pointer du doigt l’autre.

Sarah - @ladelicatessedesmots 

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