J'ai testé le Shibari
Le mot « Shibari » qui signifie « attaché », « lié » en japonais, désigne l’art du bondage, dit aussi « Kinbaku ».
J’ai découvert le Shibari lors d’un stage dans le cadre de mon parcours de sexothérapeute, qui avait pour objectif d’explorer et de relier la sexualité et la spiritualité. Vaste programme.
Honnêtement, au début, je ne voyais pas vraiment le rapport entre cette pratique et la spiritualité. J’avais déjà entrevu quelques photos et vidéos de personnes « saucissonnées » par leurs partenaires à l’aide de cordes, suspendues en l’air ou rangées ni vues ni connues dans le coffre de leur voiture. De ce dont je me souvenais, j’avais trouvé ça assez étrange et je dois dire que ça ne m’attirait pas du tout.
Mais bon, j’étais là aussi pour ouvrir mes perspectives et en apprendre davantage sur des pratiques qui m’étaient jusqu’alors inconnues. Après tout, pour accompagner au mieux nos patients, il est préférable de savoir un minimum de quoi est-ce que l’on parle. Donc finalement, vous me direz, ça tombait plutôt bien.
Le stage se passe et puis arrive le fameux soir de la représentation de Shibari. Parce que oui, ici, on fait les choses bien. Avant d’être concrètement initiés, nous avons eu la chance d’assister à la démonstration d’une vraie séance de Shibari, réalisée par Stéphanie Doe, figure emblématique du Shibari en France et créatrice de L’École des Cordes https://www.ecoledescordes.com.
Que ce soit par l’ambiance, la sensualité qui s’en dégageait et le jeu permit par ces cordes, mon regard sur cette pratique a instantanément changé. J’ai trouvé ça magnifique. Vraiment. Magnifique, et même excitant. Et surtout, ce qui m’a rassuré en vue de l’initiation du lendemain, c’est de voir que les cordes n’impliquent pas la douleur. Seulement la contrainte. Et psychologiquement, ça change beaucoup de choses. De plus, si le Shibari est une pratique qui fait partie de la sexualité, elle n’est pas forcément sexuelle. Cette nuance, parfois difficile à comprendre, est pourtant essentielle.
Dans le Shibari, c’est la sensualité, le jeu, le champ des possibles qui stimulent et procurent un certain plaisir, que je qualifierais plutôt d’ordre intellectuel, mêlé aux sensations physiques, corporelles, accrues par la contrainte des cordes.
Vous me suivez toujours ?
Dans mon quotidien, je ne supporte pas de ne pas être libre de mes mouvements. Cela peut être une réelle source d’angoisse. Mais pendant l’initiation et grâce à la confiance que j’avais envers ma partenaire et surtout, grâce à notre échange bienveillant en amont de la séance, je suis parvenue à totalement me détendre et lâcher-prise. Le fait d’être contrainte m’a forcée à être en totale présence dans mon corps, ce qui fait que je ressentais tout, de façon accrue. La corde qui glisse sur ma peau, la musique, le bruit des nœuds, une main qui m’effleure, toute sensation était décuplée.
Quand elle a eu fini de m’attacher les bras et les jambes, j’ai ressenti comme une vague envahir mon corps. Cette vague serait difficile à décrire exactement, mais c’était vraiment très agréable. Comme une détente extrême, une ivresse très douce. Ensuite, quand je suis passée au rôle d’attacheuse (Rigger, dans le milieu), quelque chose en moi s’est réveillé et révélé. J’ai vraiment ressenti du plaisir à pouvoir rentrer dans ce jeu avec l’autre, à le contraindre et à jouer avec le fait qu’il était « à ma merci ». Ce pouvoir exercé sur l’autre est en réalité une illusion, car finalement, tout ce que fait la personne qui attache est fait pour procurer du plaisir et du bien-être à l’autre, ou en tout cas, faire de ce moment un moment agréable pour la personne qui est attachée.
Encore une fois, tout cela dans le respect des limites que la personne qui se fait attacher a établies au préalable et toujours dans la bienveillance. Ces deux notions sont fondamentales et essentielles pour que chacun puisse apprécier et vivre de la plus belle des façons cette expérience. D’ailleurs, ces deux notions sont essentielles et fondamentales à toute expérience que ce soit.
Finalement, je me sens chanceuse d’avoir eu l’opportunité de découvrir cette pratique avec des personnes expérimentées (car le Shibari est un art qui demande des connaissances et de la pratique, il ne s’improvise pas), dans un cadre si bienveillant et sécure. Loin de considérer encore le Shibari d’un drôle d’œil, il a au contraire attisé ma curiosité.
Par Britany Lefebvre | @Indécence_et_Déraison
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