AdopteUnMec.com

AdopteUnMec.com

Ecoute, ça va aller.

Aujourd’hui, le monde s’est écroulé autour de toi. Tes évidences érigées tranquillement sans forcer au fil du temps, sont tombées. Il a suffi d’un claquement de doigt, d’un effet papillon initié sans que tu t’en rendes compte ou que tu détournes le regard l’espace d’un instant. C’est allé trop vite et tu n’as rien vu venir. Tu n’as senti la vague que quand le tsunami t’a ravagé. Aujourd’hui tu ne sens que ces lames de fond qui roulent en toi et emportent, comme la marée, les morceaux de ta personne abîmée. Insensible au monde autour et trop sensible à ce qui résonne en toi, tu rassembles ce qui te reste de solide et tu assures le service minimum de tes obligations.

Franchement là c’est dur, tu as la sale impression d’être au mauvais endroit au mauvais moment, en plus d’être la mauvaise personne. Pas simple. Tu ne sais pas trop à quel moment ça a foiré, mais clairement les choses ont mal tourné. Sans faire semblant. Il est parti, elle ne reviendra pas. C’était ton premier amour, ta première opportunité, un ami majeur qui ne résonnera plus qu’en accords mineur dans tes souvenirs. Pour des désaccords que tu ne comprends déjà plus très bien.

Tu as tout donné, trop parlé et tu t’es noyé dans tes propres phrases. Ou tu n’as pas su dire les choses qu’il fallait, qu’on attendait de toi. Les mots se sont bloqués au niveau de ta gorge, ils ne se sont pas rangés dans le bon ordre ou ils ne se sont jamais formulés. Certains ont été blessés, d’autres se sont tirés. Une chose est sûre, personne n’en est sorti indemne. Tu ne sais même pas si ce soir, c’est toi qui a tout gâché ou si les planètes étaient alignées pour te punir, te faire passer un sale quart d’heure d’humilité. Tu te sens seul, tout petit. Lorsque tu fermes les yeux tu es en chute libre. Pourtant tu étouffes, sans même voir les barreaux de ta cellule, comme Néo qui aurait pris la mauvaise pilule. L’équilibre de ta chair est précaire alors que tes pensées cherchent en vain à quoi se raccrocher.

Cette nuit a été beaucoup trop longue et tu pensais être sorti d’affaires avec le lever du soleil, mais en plein jour c’est l’évidence : tu es perdu au milieu de ce que tu connaissais par cœur. T’as envie de fuir, de courir à l’autre bout du monde, de tout abandonner, de tout laisser sur place et en l’état, tout ce que tu t’acharnes à construire pourtant habituellement. Ce matin, tu recherches éperdument du sens à ce qui en donnait à ta vie hier. Encore une vague. Elle te percute, t’ébranle, sans te faire tomber. Car aujourd’hui tu ne ressens plus rien. Rien d’autre que le vide. Et tu observes, tous ces gens qui débordent autour de toi. Tu les détestes, ou tu t’en fous. Au fond, tu ne sais pas vraiment.

Mais ça va aller.

Promis.

Regarde autour de toi, au mètre carré, ils sont nombreux les mecs carrés à s’être arrondis sur les bords. La vie te polit les plus insolents. Leurs erreurs adoucissent les tiennes, tu n’es pas le seul à avoir perdu ce que tu aimes. Et tu sais, ce qu’on risque révèle ce qu’on vaut. Maintenant que tu ne sais plus trop qui tu es, il ne te reste plus qu’à devenir ce que personne ne pensait que tu pouvais être. Cette nuit sera sans doute la plus difficile. Avec la première journée qui la suivra. Mais le temps ne fait pas d’entracte, le spectacle continue. Tu as connu pire et tu feras mieux, les sons et lumières du monde ne t’agresseront pas aussi longtemps que tu ne le penses. Du coup ce soir je ne te fais pas la morale mais l’amour. Je te rends riche de mes rimes pauvres. Je pense à toi, j’ai envie de te dire que tu es merveilleux, que tu es belle, que ça va aller. Est-ce qu’on te l’a déjà dit ? Est-ce qu’on te l’a assez dit ?

Candice Joncour

je m'inscris
back to top