Dis-moi qui tu votes, je te dirai si l’on s’aime.
Si tu lis ces mots, j’imagine que tout comme moi, tu as pu observer cette dernière semaine à quel point les réseaux sociaux se sont transformés en médias politiques. Entre les réels d’interviews visant à mettre en avant ou à discréditer tel ou tel candidat, les stories engagées, les déferlements d’arguments pour contrer tel parti ou promouvoir tel autre… Les élections législatives occupent le paysage, au point de faire de l’ombre aux autres sujets d’actualité, qui mériteraient (tout autant) notre attention. Hasard ? Je ne crois pas. Mais ceci est un autre débat, que nous aurons peut-être un jour. Ou pas.
Ce que je trouve intéressant, c’est que malgré le score très élevé d’abstention et de votes blancs (qui je le rappelle n’est pourtant pas pris en considération), sur internet, tout le monde semble avoir un avis tranché, qui est évidemment le bon, et la ferme intention de le partager au monde entier.
Sauf que la politique, c’est rarement un sujet que l’on aborde au premier rencard.
Par manque d’intérêt ou crainte peut-être, de transformer un date sympa en pugilat. Alors, quand est-ce qu’on est sensé aborder la question ? D’ailleurs, comment l’amène-t-on ? Au moment de trinquer avec désinvolture « à la gloire de Macron ! » ? Avant ou après le premier baiser ? Certainement pas entre deux positions ni au moment de se rhabiller… Alors, quand ?
Si j’imagine que pour les plus engagés d’entre nous l’affiliation commune à un parti politique est une condition sine qua non pour envisager une relation, pour nous autres, politiciens du dimanche, c’est une question que l’on remettrait bien à plus tard. Et croyez-moi, j’y ai réfléchi. Parce qu’en effet, partager sa vie avec quelqu’un qui ne partage pas nos idées, c’est possible. Mais est-ce souhaitable ? Pas que j’estime qu’il faut être d’accord sur tout (bonjour l’ennui !) loin de là, mais il faut avouer que la politique c’est un peu comme la religion. On touche ici aux valeurs profondes et à une façon bien distincte d’aborder et de concevoir le monde qui nous entoure. Ces principes conditionnent notre manière d’interagir avec notre environnement et avec autrui. Ils peuvent également influencer nos habitudes de consommation, nos choix quotidiens, et jusqu’à notre travail et notre éducation. Bref, nos choix politiques influencent la personne que nous sommes.
En cela, être dans une relation sentimentale avec quelqu’un qui ne partage pas ces valeurs, voire qui est à l’exact opposé, semble compliqué. Il y a une différence entre ne pas s’entendre sur le fait de préférer la glace vanille à celle parfum chocolat, et être en parfait désaccord quant au fait de soutenir ou non l’immigration, la taxe carbone, la place de la femme dans l’espace public ou encore le réarmement.
Alors certes, la politique est loin de ce que l’on considère être un sexy-talk, mais même si ce moment n’est pas le plus drôle, je pense que c’est un sujet on ne peut plus important à mettre sur la table. L’important n’est pas d’être d’accord sur toute la ligne, mais de pouvoir échanger avec bienveillance et un minimum d’ouverture d’esprit sur les sujets qui nous semblent essentiels. Après tout, les débats bien avisés sont aussi la source de nouvelles compréhensions, nous ne sommes jamais à l’abri d’une bonne surprise. Tout ça pour dire que la politique c’est compliqué, et qu’il est préférable tout de même de savoir à qui l’on a affaire avant que les choses ne tournent vinaigre.
Sur ce, bon vote à tous.tes !
Britany Lefebvre - @Indécence_et_Déraison.
je m'inscris