
À qui profite le film Barbie ?
Le premier degré ambiant du film Barbie est d’une force monstrueuse. On rit, certes, mais on rit jaune. Par l’aigreur sous couvert d’humour, la prise de conscience est au rendez vous, si les œillères ont, bien évidemment, été retirées avant de s’assoir en salle. En d’autres termes, Barbie est un film d’utilité publique. Mais si l’on creuse un peu plus…
La question que nous pourrions nous poser est la suivante : malgré l’angle féministe choisi (plus ou moins réussi pour certains) où la caricature cinglante mérite le succès du film, quels profits en tirent Mattel et l’industrie du Cinéma ?
La dénonciation du capitalisme au profit du capitalisme
En effet, malgré un message clair : faire rêver les petites filles d’une autre manière qu’en leur vendant une poupée parfaite, il semblerait que, depuis la sortie de Barbie en salle, Mattel flambe en Bourse à la vitesse d’une banane au rhum.
Depuis janvier dernier, le monde entier s’est vu submergé de rose par la campagne marketing. De fait, l’action de Mattel a augmenté de 20%, lui permettant un nombre de vente colossal, et de la poupée Barbie et de ses produits dérivés.
Pour continuer de capitaliser après le succès de Barbie, Mattel, dans une récente interview a dévoilé une information cruciale : 14 nouveaux films sont actuellement en préparation à partir de ses jouets, parmi lesquels nous pourrons retrouver, entre autres, Musclor, Polly Pocket ou encore le jeu de cartes Uno. Même si le PDG de Mattel dit avoir conscience du fait qu’aucun de ces prochains films prévus après celui de Barbie pourrait atteindre le même résultat au Box office, ce dernier souhaite, par le biais de ces prochains films, toucher les consommateurs de jouets à l’échelle mondiale. En somme, Mattel en sort gagnant.
Il ne faut pas oublier que derrière cette production féministe et progressiste remplie d’espoir, se trouve l’industrie créative d’Hollywood, une industrie profitant (aussi) des normes de beauté que le film dénonce. Grâce au triomphe de Barbie, le studio Warner Bros, qui l’a produit, a nettement amélioré ses résultats, au point d’imaginer un spin off sur Ken.
Par ces deux constats, il semble évident que la réalisatrice Greta Gerwig n’a pas pleinement joui de sa liberté, faisant de ce film, non pas sa réalisation, mais bien celle de Mattel.
Ainsi, la critique du capitalisme qui rythme le film semble être, après quelques heures de réflexion, d’une hypocrisie magistrale. Pour gagner de l’argent, encore et encore, Barbie est un film qui dénonce le capitalisme… au profit du capitalisme.