Décès de Simone Veil et Louis Nicollin : la grande dame et le gros conquérant
Aujourd’hui, vendredi 30 juin, est un jour à marquer d’une pierre blanche ou plutôt d’une étoile d’or. La France pleure une de ses grandes dames. Madame Simone Veil est morte et ne veille plus sur nous désormais. Retour sur une femme qui se sera battue toute sa vie pour un monde meilleur, plus juste.
On déplore également aujourd’hui la perte d’un homme de caractère, Louis Nicollin, Loulou pour les intimes. Un cataclysmique dirigeant charismatique du foot français, spécialité : coups de gueule impulsifs.
Evidemment ces deux disparitions n’ont rien à voir l’une avec l’autre, mais comme ici on prône l’amour et le mélange des genres, on s’est dit qu’on allait partager le deuil, comme on partage un twix : chacun le sien mais dans le même paquet.
En cercueil Simone…
C’est le cœur funèbre que je me permets cette vanne, car je n’ai pas de mots à la hauteur de la dignité éternelle que représente Simone Veil.
Rescapée d’Auschwitz, elle restera marquée au fer rouge toute sa vie par cette déportation en wagons à bestiaux le 13 avril 1944. Le lendemain, alors qu’elle évite de justesse la chambre à gaz, un matricule lui est tatoué sur le bras gauche, cicatrice qu’elle gardera toute sa vie. De ces travaux dans les camps de concentration à ces marches interminables dans la neige, Simone Veil gardera des souvenirs qui ne cesseront de jalonner ses luttes, doublés d’une rage paranormale à faire bouger les lignes. Devenue présidente d’honneur de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, elle salue Jacques Chirac qui reconnait, 50 ans après, la responsabilité de la France dans le massacre nazi des juifs. Enfin.
Mais la survivante n’a pas fait que survivre, elle a défié le temps. Elle l’a fait sien, l’accélérant quand il s’agissait de faire évoluer les mœurs, le suspendant quand il fallait qu’on l’écoute. Simone Veil s’est employée, tout au long de sa vie à la regarder droit dans les yeux. Ainsi que les hommes. Surtout les hommes, en réalité. Connue pour son combat pour légaliser l’IVG et le rendre accessible à toutes les femmes dans des conditions décentes, on oublie aujourd’hui la violence qu’elle a affronté lors des débats sur le sujet. C’est le 26 novembre 1974 que Madame Simone Veil monte à la tribune de l’Assemblée nationale et déclame ce texte qui ne cesse de faire sens :
« Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui, chaque année, mutilent les femmes de ce pays, qui bafouent nos lois et qui humilient ou traumatisent celles qui y ont recours. (…) Je ne suis pas de ceux et de celles qui redoutent l’avenir. Les jeunes générations nous surprennent parfois en ce qu’elles diffèrent de nous ; nous les avons nous-mêmes élevées de façon différente de celle dont nous l’avons été. Mais cette jeunesse est courageuse, capable d’enthousiasme et de sacrifices comme les autres. Sachons lui faire confiance pour à la vie sa valeur suprême. »
Aujourd’hui, il est au combien important de regarder avec déférence de telles batailles, gagnées dans la difficulté et la douleur. Surtout au vu de leur fragilité et de leur inexistence dans encore de trop nombreux pays. C’est donc un hommage flamboyant que nous rendons à Simone Veil, championne toute catégorie du droit des femmes dans le monde, ceinture noire de constitutionnalité.
Loulou, le loubard de comptoir
Doyen des présidents de Ligue 1 et fier détenteur du Montpellier Hérault Sport Club (MHSC) depuis 43 ans, Louis Nicollin est mort jeudi 29 juin, jour de son anniversaire.
Habitué à réagir à chaud au gré des montées et descentes de son équipe qu’il considérait comme sa fille, Louis Nicollin s’est illustré pour son franc-parler, ses sorties de piste et ses grandes réussites. Notamment en 2012 où le MHSC, 36ème budget de ligue 1, remporte le championnat de France devant le PSG, déjà racheté par le Qataris. Solide sur les appuis.
Pour conclure, si aujourd’hui j’ose aligner Louis Nicollin aux côtés de Simone Veil, c’est parce qu’ils partageaient le même enthousiasme pour l’action enflammée. Et que la grande dame féministe aurait eu quelques conseils à donner au gros monsieur machiste.
Candice Joncour
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